Aux Assises de Paris, Franck Alexandre
« Merci à l’armée de France, de nous avoir délivrés », entame tout de go Bernadette Delanne à la barre.
Installée désormais à Tahiti, cela fait deux ans que cette retraitée d’une soixantaine d’années, très dynamique, n’a pas remis les pieds en France.
« Je suis revenue, explique-t-elle, pour en finir avec cette affaire ». Cette aventure a débuté le 2 septembre 2008 au petit matin. Il y avait du brouillard, le couple se trouve à plus de 180 kilomètres des côtes somaliennes lorsqu’il voit surgir une première embarcation, puis deux autres.
Les pirates se jettent sur le voilier. Jean-Yves Delanne, qui n’a pas froid aux yeux, tente de les repousser, en vain. Pour les Delanne commencent alors deux semaines de détention à bord du Carré d’As.
Le navire mouille sur les côtes somaliennes. Shiré, le chef de clan du Puntland, exige quatre millions de dollars pour leur libération, puis finalement deux.
« Les pirates se disputent », témoigne Bernadette Delanne. «Yacoub le traducteur, l’un des accusés, prend le pas sur les autres », raconte-t-elle.
Dans la nuit du 15 septembre, les commandos français prennent d’assaut le Carré d’As.
Bernadette Delanne pointe du doigt Ahmed Mhamoud, assis dans le box. « Celui-là, conclut-elle, il n’aurait pas hésité à nous faire la peau ».