Tout est bancal dans ce procès du Carré d’As. Premièrement, c’est le flou juridique le plus total sur la légalité de l’arrestation, puis de la rétention à bord d’un navire militaire français, de six présumés pirates somaliens.
Et quand il s’agit de les juger en France, impossible d’ignorer l’absence du commanditaire de la prise d’otages, Shiré, le chef de clan mafieux du Puntland, un personnage central dont on connaît l’identité et le lieu de résidence.
Face aux enquêteurs et aux militaires français venus témoigner à la barre, les avocats de la défense s’interrogent, à l'image de Gustave Charvet : « On sait que le droit français donne pouvoir à la justice française de faire ce que l’on appelle les commissions rogatoires internationales, c’est-à-dire qu’on demande aux forces de l’ordre françaises, et avec l’autorisation de l’Etat sur place, d’aller chercher, d’aller faire leur métier d’enquêteur, sur les lieux étrangers. Et notamment cette enquête à l’étranger, ça peut être l’interpellation de ce fameux Shiré. Et ça se fait régulièrement. La question ici, c’est qu’aujourd’hui jamais personne n’a été chercher le commanditaire, monsieur Shiré, dont on connaît le nom, le prénom. On sait où il habite, on a une description physique, on connaît son métier, on connaît absolument tout, les éléments suffisants et nécessaires pour faire un mandat d’arrêt international ».
Les enquêteurs rétorquent qu’aller interpeller ce fameux Shiré en Somalie serait périlleux. Quant aux militaires, ils bottent en touche. Ce n’est pas leur mission. C’est pourtant ce qu’ils ont fait dans l’affaire du Ponant.