Visite d’Alain Juppé en Afrique du Sud: Paris et Pretoria tentent d’oublier leurs différends

Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, est parti ce vendredi 11 novembre pour le Nigeria après 36 heures de visite en Afrique du Sud. La France et l’Afrique du Sud ont tenté d’oublier leurs différends sur la crise libyenne. Ils ont œuvré au renforcement de l’axe franco-sud-africain et tenté de trouver une position commune sur la Syrie, ont indiqué à l'issue d'un entretien à Pretoria Alain Juppé et son homologue Maite Nkoana-Mashabane.

De notre envoyé spécial à Pretoria 

La visite s’est terminée mieux qu’elle n’avait commencé ! Jeudi soir, pendant une demi-heure, Jacob Zuma, le chef de l’Etat, puis madame Maite Nkoana-Mashabane, la ministre des Affaires étrangères vendredi matin, se sont employés à adoucir le discours rugueux du secrétaire général de l’ANC, Gwede Mantashe.

Jeudi matin, ayant préalablement averti son interlocuteur français qu’il n’était ni diplomate, ni membre du gouvernement sud-africain, Gwede Mantashe avait accusé la France et ses partenaires européens d’avoir « assassiné le colonel Kadhafi » et de chercher à « recoloniser l’Afrique ! ».

Soucieux de ne pas froisser la France, le président Jacob Zuma et sa chef de la diplomatie ont pris soin d’appeler au renforcement de l’axe franco-sud-africain.
La ministre des Affaires étrangères, Maité Nkoana-Mashabane a même annoncé la mise en place d’un partenariat entre les deux pays qui se traduira par des échanges annuels au niveau des ministres.

Un atout de taille

Même si les deux pays reconnaissent publiquement leurs divergences sur la Libye et la Côte d’Ivoire, Pretoria et Paris s’engagent donc à poursuivre et à organiser leur dialogue. Et dans cet échange, la France dispose d’un atout de taille que les Sud-Africains n’ignorent pas : elle réclame une réforme de la gouvernance mondiale et surtout un élargissement du Conseil de sécurité des Nations unies.

« L’Afrique doit occuper toute sa place au sein du Conseil de sécurité des Nations unies », a rappelé Alain Juppé qui plaide pour l’attribution de « nouveaux sièges dans les deux catégories de membres, permanents et non permanents. »

L’Afrique du Sud ne fait plus mystère de sa volonté de représenter le continent africain en cas d’élargissement du Conseil de sécurité. Elle dispute cette place au puissant Nigeria, mais aussi à l’Egypte.

Tout au long de son séjour, Alain Juppé a pris soin de ne pas froisser ses interlocuteurs, en rappelant que l’Afrique du Sud était la première puissance économique du continent et membre du Conseil de sécurité des Nations unies. Visiblement, la diplomatie française cherche à ménager cet interlocuteur qui risque de peser de plus en plus sur la scène internationale.

Le pays fait désormais partie des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), ce regroupement informel qui commence à modifier les rapports de forces diplomatiques.

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