Selon Me Jean Balan, l'un des avocats des parties civiles, la procédure est complètement bloquée. Dans une lettre ouverte, il accuse une nouvelle fois la ministre de la Défense de l'époque, Michèle Alliot-Marie, d'avoir empêché la justice de faire son travail.
« Tout s'est arrêté », selon Me Jean Balan. L'enquête n'avance plus depuis un an et demi et les victimes attendent toujours. Pour l'avocat des familles, l'enquête a été sabotée. Il accuse le gouvernement français de l'époque d'avoir sciemment libéré des mercenaires biélorusses, servant dans l'aviation ivoirienne et arrêtés quelques jours après le bombardement.
Lors de son audition en mai 2010, Michèle Alliot-Marie avait expliqué qu'il n'y avait pas de « base juridique » pour les interroger. « L'interrogatoire d'Alliot-Marie, c'est un monument de mauvaise foi et de mensonges qui aurait pu faire avancer l'affaire de manière déterminante », affirme Me Jean Balan.
Et Me Balan de s'interroger : la France a-t-elle voulu ce bombardement « afin de créer une situation propice pour se débarrasser de Laurent Gbagbo ? » C'est une hypothèse qui doit être approfondie selon lui. Il a demandé l'audition de l'ancien président ivoirien.
« Laurent Gbagbo est maintenant un citoyen comme un autre, et il aura peut-être des choses à dire. Je demande aussi que le mandat d'arrêt, qui date de six ans maintenant contre au moins deux pilotes ivoiriens, soit exécuté... Et ensuite Montoya », conclut l'avocat.
Robert Montoya, ancien gendarme de l'Elysée sous François Mitterrand, reconverti en négociant d'armes, est soupçonné d'avoir fait livrer à la Côte d'Ivoire les deux Sukhoï-25 ayant servi au bombardement. Il est aussi soupçonné d'avoir aidé à l'exfiltration des deux pilotes biélorusses.