Au black market (marché noir) d’Adjamé, une rue d’environ 300 m de long. Des boutiques de part et d’autre. Un parking sur un côté, occupé depuis des années par des vendeurs de téléphones portables. Près 70% d’entre eux sont des jeunes ou d’anciens diplômés au chômage et des étudiants.
La semaine dernière, dans la nuit de jeudi à vendredi, les caisses sur lesquelles ils étalent leurs marchandises ont été détruites. Ils n’ont constaté les dégâts que le lendemain. Qui sont les auteurs de cette destruction ? « Nous avons vu des élément des FRCI sur le terrain qui empêchent les jeunes de rester sur le parking du marché », explique le porte-parole des jeunes du black market d’Adjamé, Soumaïla Diarrassouba.
Etudiante en droit depuis une dizaine d’années, Aminata Yasmine Fofana reconnaît que ce qu’elle fait est illégal. Mais « il y a le droit aussi à la survie. Depuis près de six jours on ne travaille pas, on ne fait rien, on est dans le désarroi total. J’ai mon dernier petit frère qui passe son BTS l’année prochaine, cette année j’ai payé ses cours et c’est grâce au black market ».
Très remonté mais contenant sa colère, Abdoulaye Doumbia, qui avait rejoint les FRCI en mars dernier, ne comprend pas l’acharnement contre le black d’Adjamé. « Ca fait cinq ans que je paye le montant des taxes qu’ils demandent ici. Je ne vole pas ».
Plusieurs destins se croisent au black d’Adjamé. Comme ce diplômé en communication commerciale depuis 1998, qui s’est tourné vers le secteur informel et qui se retrouve au milieu des plus jeunes que lui, faute d‘avoir trouvé un emploi. Les jeunes du black d’Adjamé affirment que l’initiative de les empêcher de travailler n’a pas été prise par le gouvernement.