Julius Malema continue d'agiter la jeunesse sud-africaine

Julius Malema, le très polémique leader des jeunes du Congrès national africain (ANC), organise une manifestation à partir de ce jeudi 27 octobre 2011 pour réclamer « la liberté économique maintenant ». En parallèle, il doit être jugé pour insubordination par un conseil de discipline de son parti.

Au cours des derniers jours, le président des jeunes de l’ANC a multiplié les meetings dans les townships de la région de Johannesburg. Partout, il a invité les habitants à rejoindre les manifestations qui s’inscrivent, selon lui, dans le cadre de sa « guerre » contre la minorité blanche qui domine encore l’économie sud-africaine. Des manifestations qui sont également organisées contre la politique du gouvernement et qui constituent une occasion de protester contre la lenteur des transformations socio-économiques du pays, dix-sept ans après l’arrivée de l’ANC au pouvoir.

Pas de débordements

Selon le dernier communiqué de la Ligue de jeunesse de l’ANC, cette « action de masse de la jeunesse pour la liberté économique » se traduira par une marche jeudi 27 octobre allant jusqu’à la Bourse de Johannesburg, perçue comme le symbole de la mainmise des Blancs sur l’économie du pays. Le lendemain, les manifestants partiront tous du stade Calédonien à 8 heures pour se rendre à l’Union Buildings où siège le gouvernement ANC du président Jacob Zuma, à Pretoria.

L'ANC a donné son accord officiel à la manifestation et les jeunes pourront aller à Pretoria remettre un mémorandum à la présidence, mais il n’y aura pas de veillée devant les bâtiments officiels comme il en était question initialement. Le président Jacob Zuma sera d’ailleurs absent, en route pour le sommet du Commonwealth en Australie. Après de longues discussions au sein de l’ANC, la démonstration de force a donc été revue et corrigée : elle sera très encadrée et aucun débordement susceptible d’embarrasser le parti au pouvoir ne sera toléré, a prévenu le secrétaire général du parti. 

Lors de la manifestation, rien non plus contre Jacob Zuma lui-même, même si ces derniers jours, la ligue des jeunes de l’ANC a clairement fait savoir qu’elle ne soutiendrait pas le président sortant pour un deuxième mandat.

Julius Malema, ainsi que son mouvement disent attendre 5 000 jeunes et 1 000 autres associations de jeunes.

Une commission de discipline et une procédure qui s’éternise

Julius Malema s’est illustré à plusieurs reprises par ses prises de position radicales et à connotation raciste. Notamment dans un récent discours où il revendiquait le droit pour les pauvres d’aller à l’école et où il a utilisé le terme « makula », traduction de « coolies », un terme péjoratif pour désigner les Indiens et jugé insultant par l’importante communauté indienne d’Afrique du Sud. « Vos enfants doivent pouvoir aller à l’école avec les enfants de coolies », a-t-il lancé lors d’un meeting dans un bidonville de Johannesburg, proche d’un township indien. Dans un communiqué, la Ligue de jeunesse de l’ANC a indiqué qu’elle comprenait que les propos de son leader aient été mal reçus et qu’à l’avenir elle « s’abstiendrait d’utiliser le terme de ' makula ' pour parler des Sud-Africains d’origine indienne » car elle admet que ce n’est pas le mot approprié.

Malema, c'est aussi un discours radical : il a réclamé, par exemple, la nationalisation des mines et des banques ou encore la saisie des terres agricoles exploitées par les Blancs.

Patience indulgente

Son parti, l’ANC, au pouvoir depuis 1994, a jusqu’ici hésité entre une patience indulgente et les coups de semonce envers ce jeune tribun de 30 ans qui comparaît actuellement devant un conseil de discipline pour insubordination. Le « procès » qui s’éternise depuis fin août a repris. Julius Malema risque la suspension ou l’expulsion pour des propos tenus il y a quelques mois appelant à un changement de régime au Botswana.

Winnie Mandela, l’ex-femme de Nelson Mandela, a témoigné ce mercredi 26 octobre 2011 devant la commission pour lui apporter son soutien. Elle estime qu’il ne doit pas être puni parce qu’il est à la tête de la jeunesse. A sa sortie, elle a rajouté à la presse que « la jeunesse doit avoir le droit de s’exprimer ». Les auditions du comité de discipline de l’ANC devront reprendre le 3 novembre prochain.

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