Le scrutin qui se prépare a brouillé les esprits et donne le tournis à certains habitants de Sidi Bouzid. Trop de listes, trop de candidats qui répètent le même programme. Même si le scrutin de dimanche laisse parfois indifférent, une chose est sûre affiment la plupart d'entre eux : il n’y aura pas de retour en arrière.
Ce menuisier aux cheveux plein de sciure, n’a qu’un mot à la bouche : la liberté. « Nous aimerions avoir une Tunisie libre. Libre de penser, libre d’agir, comme dans certains pays occidentaux où les gens sont libres de dire ce qu’ils veulent. Il faut que la Tunisie reste un pays fidèle à ses origines, mais avec un islam moderne. L’islam n’interdit pas de connaître son voisin de discuter avec l’autre ».
Le débat entre islam et laïcité qui a fait irruption dans la campagne ces derniers jours, semble ici dépassé. La question ne se pose pas, explique Horchana, un jeune maçon. « Il n'y a pas ce discours. Le débat entre laïques et islamistes est un discours propre à la capitale. Ici, les gens sont tranquilles ».
Cet état d’esprit est partagé par Moustapha, un vieux fonctionnaire à la retraite au visage patiné par le soleil. « Je souhaite que chacun retrouve ses droits. Il faut qu’on en finisse avec la corruption, avec les pistons, et tout ça. Le plus important c’est que les gens soient libres et puis ils choisiront de vivre comme ils veulent. Ils peuvent avoir des idées islamiques ou même laïques, hésite-t-il. Mais l'important c'est qu'ils fassent ce qu'ils veulent ».
Du respect, c’est ce que réclament ces habitants, qui considèrent encore souvent que les hommes politiques sont des menteurs.