- Slim Amamou alias @Slim404 est peut-être le plus connu d’entre eux. Le blogueur tunisien, devenu secrétaire d’Etat à la jeunesse et aux sports, a démissionné en mai 2011. Il aura fait un passage éclair dans le gouvernement de transition tunisien. Fort critiqué sur la Toile pour être entré en politique aux côtés d’anciens du régime Ben Ali, il justifiera sa démission par le retour de la censure sur le net. Il a choisi de soutenir pour ces élections les listes indépendantes, c'est-à-dire hors des partis politiques. Pour lui, la rédaction de la Constitution ne doit pas se faire par les partis. Avec Bassem Bouguerra et des dizaines d’autres bénévoles, Slim Amamou a participé au développement de la plateforme Afkar Mostakella dédiée aux candidats indépendants. Objectif : favoriser présence de ces candidats attachés aux valeurs de transparence, de justice et de liberté dans l’assemblée constituante.
- Lina Ben Mhenni, dont le nom a circulé pour le prix Nobel de la paix 2011 pour son blog, A tunisian girl, a elle aussi fait un passage éclair à la Haute instance chargée des réformes politiques. Elle démissionne, déçue par le manque de volonté de changement. Sur sa page Facebook, elle a annoncé qu’elle n’irait pas voter pour ces élections du 23 octobre.
- Le blogueur anonyme Z qui publiait sous Ben Ali des caricatures des dérapages de l’ancien régime continue sur son blog de se moquer de la Tunisie post-révolution. Son livre Révolution ! des années mauves à la fuite de Carthage connaît un franc succès, en Tunisie mais également à l’étranger. Volontairement resté anonyme, même après la chute de Ben Ali, il s'est exilé et tient à garder son indépendance et son irrévérence, véritable marque de fabrique.
- Fatma Riahi, alias Fatma Arabicca, fut soupçonné d’être le blogueur anonyme Z et placée en détention en 2009. Reporters sans Frontières s’était mobilisé pour sa libération. Elle est désormais présidente de l’Association des blogueurs tunisiens, crée en juin 2011. Elle a répondu présente à l’appel de la mission d’observation électorale de l’Union européenne pour entamer un débat sur les élections tunisiennes, le rôle des observateurs étrangers.
- Le collectif tunisien Nawaat, journal en ligne participatif a reçu le Prix du net citoyen 2011 pour son rôle de couverture des troubles sociaux en Tunisie. Il est devenu en octobre 2011 une association qui milite pour les droits de l’homme et contre la censure sur internet. Avec CFI (Canal france International), elle participe a des sessions de formations de jeunes tunisiens au web-journalisme. L’un de ses fondateurs Riadh Guerfali, alias @astrubaal a lui fait le choix de l’engagement politique sur une liste indépendante Al-Jalaa, dans sa ville de Bizerte. Présent à Tunis lors d’une rencontre des blogueurs arabes, il a participé à une réflexion sur le rôle des blogueurs après les révolutions. Il s’est exprimé avec vigueur : « C'est bien beau de gueuler mais quand on a la possibilité d'y aller pour défendre les valeurs pour lesquelles on se bat depuis des années, il faut le faire. De plus, je suis enseignant de droit constitutionnel et c'est une assemblée constituante que la Tunisie doit élire ».
→ Consulter son blog - Amira Yahyaoui, alias @mira404 a choisi elle aussi d’accompagner la marche démocratique de la Tunisie en s’engageant en politique. Elle figure sur la liste indépendante Sawt Mostakel dont elle est tête de liste. Résidente en France, elle milite pour l’égalité entre hommes et femmes et contre la censure sous toutes ses formes. Avec elle, sur cette même liste, une autre blogueuse Imen Braham, alias @_imen, auteur du blog Moonsgirl, qui s’engage elle sur le thème de la protection de l’environnement.
- Sarah Ben Hamadi, outre son activité de blogueuse qu’elle poursuit avec Un œil sur la planète, a créé avec Benoît Delmas, un journaliste français résident à Tunis un autre blog intitulé Regards croisés, hébergé chez Arte. Ce blog propose, à travers des posts de l'un et l'autre, une vision croisée de la société tunisienne à l’heure des premières élections libres.
- Yassine Ayari revendique lui de n’être pas qu’un blogueur (→Voir son blog Mel7it). En tant que jeune Tunisien, il a donc décidé de porter ses convictions lors des élections sur une liste indépendante, « Les jeunes libres », à Zaghouan, dans le nord du pays. Ce cyberactiviste avait fait un passage dans les gêoles de la police tunisienne avec Slim Amamou alors qu’ils s’apprêtaient à lancer une manifestation contre la censure en Tunisie.
- Emna El-Hammi, alias @Psycke, blogueuse depuis 2005 a désormais un blog sur le site internet de Libération intitulée Ma Tunisie sans Ben Ali. Jusqu’à janvier 2011, elle écrivait sur Les idées d’une orchidée. Elle aussi a participé à la rencontre de Tunis en octobre 2011. Elle veut désormais être actrice de la transition démocratique. « On a vraiment une responsabilité. Le journalisme citoyen prend maintenant je pense un grand rôle après la révolution. Il alerte l’opinion publique, il doit être vigilant, c’est les yeux du peuple », assure-t-elle.
- Rattaché à l’université Rutgers dans le New Jersey aux Etats-Unis, l’universitaire Tarek Kahlaoui a vu son blog censuré en 2010. Militant actif de la liberté d’expression et bien implanté dans l’univers estudiantin, il se présente comme tête de la liste indépendante « La voix des jeunes ».
Très courtisés par l’ISIE, l’instance supérieure indépendante pour les élections, les blogueurs ont été approchés pour mobiliser l’opinion publique. Trois d’entre eux ont d’ailleurs créé une opération Bloguer pour l’inscription sur les listes électorales. D’autres ont été amenés à débattre avec la mission d’observation électorale de l’Union européenne qui a bien compris que la démocratisation de la Tunisie passerait aussi par la blogosphère, nouvelle espace d’expression autonome. Au total, sept blogueurs se présentent sur les listes électorales. Signe qu’il faut désormais compter avec eux.
→ Réécouter l'atelier des médias, l'émission de Ziad Maalouf et Simon Decreuze consacrée aux blogueurs tunisiens et le reportage d'Edith Bouvier consacré à Lina Ben Mhenni