Mauritanie: le gouvernement poursuit le recensement

Après la mort d'un manifestant, le mardi 27 septembre, le ministre de l'Interieur a déclaré que le gouvernement était «résolument engagé» à poursuivre les opérations de recensement malgré l'opposition que cela suscite au sein de la communauté négro-mauritanienne. Cette dernière fait état de questions provocatrices lors de l'enregistrement et craint des motivations racistes. Depuis plusieurs mois, les manifestations se multiplient et hier, un homme a été tué par la police lors de la dispersion d'un rassemblement à Maghama à une centaine de kilomètres de Kaédi dans le sud du pays.

Avec notre correspondante à Nouakchott

Hier à Maghama, comme à Kaédi les jours précédents, des manifestants ont pris la rue pour protester contre le recensement.

Un participant raconte : « On était environ 200. On est allé au centre de recensement. La police et les gendarmes étaient là. Nous nous sommes affrontés, puis ils ont fui et on a saccagé le centre, brûlé les dossiers ».

Le manifestant poursuit : « On voulait ensuite porter nos doléances à la préfecture, mais on a été bloqué au niveau de la gendarmerie et c'est là que les forces de l'ordre ont tiré à balles réelles », conclut-il. Touché à la poitrine, Lamine Mangane, 19 ans, est décédé. Une dizaine d'autres personnes ont été blessées, dont six ont été évacuées vers Kaédi.

A Kaédi justement, après trois jours de heurts violents, les manifestants sont restés chez eux, condition posée par les autorités pour libérer la quarantaine de jeunes arrêtés. Après de nouvelles négociations, une vingtaine de jeunes ont été libérées hier soir. D'après le maire de Kaédi et un leader des manifestants, les autres seront relâchés ce mercredi, si le calme perdure.

Dans un communiqué, le ministre de l'Intérieur a déploré la mort du jeune Mangane, mais il a indiqué que le recensement suivrait son cours, en soulignant que tous les Mauritaniens pourront s'enrôler. Il qualifie de « fallacieux » et « sans fondement » les arguments des manifestants, qui seraient « l'œuvre d'acteurs politiques malveillants et peu soucieux de l'intérêt national ». Tout en disant l'État « attentif aux préoccupations des citoyens », il a conclu, en affirmant qu'il « ne sera permis à personne de troubler l'ordre public. »

Partager :