Charles Konan Banny et son équipe sont loin de disposer des pleins pouvoirs pour panser les plaies de la Côte d'Ivoire. Alors que la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR) ne devrait pas être opérationnelle avant plusieurs semaines, voire plusieurs mois, la justice nationale a elle déjà commencé à travailler.
Laurent Gbagbo et des dizaines de caciques de l'ancien régime sont en détention provisoire, poursuivis pour crimes économiques ou atteinte à la sûreté de l'Etat, et l'on peut d'ores et déjà se demander comment la commission trouvera sa place aux côtés de l'institution judiciaire.
Un présumé bourreau pourrait ainsi être pardonné par l'instance dirigée par Charles Konan Banny, mais condamné par la justice ivoirienne ou bien par la Cour pénale internationale (CPI). En fait, aujourd'hui en Côte d'Ivoire, tout le monde se dit prêt à la réconciliation, mais chacun pose ses conditions.
Pour le camp présidentiel, celle-ci ne peut intervenir qu'après la condamnation des responsables des principales exactions commises sous l'ancien régime. Pour celui du pouvoir déchu, cet objectif ne pourra notamment être atteint qu'après la libération de Laurent Gbagbo et de ses proches. Laurent Gbagbo qui en signe de défiance envers cette Commission vérité et réconciliation vient de demander à l'ONU de créer une commission d'enquête internationale sur les évènements survenus depuis septembre 2002.