Mahamadou Issoufou s'est fait le 19 septembre le porte-voix d'un sentiment partagé de Rabat à Khartoum. Tous les voisins directs ou plus lointains de la Libye craignent que la dissémination des armes de Mouammar Kadhafi vient déstabiliser une région déjà fragile.
« En ce moment c'est Open Bar dans l'arsenal libyen, il y a tout d'abord les mercenaires notamment touaregs qui ont combattu pour le régime déchu qui rentrent massivement chez eux et qui pourraient poser un sérieux problème à leurs gouvernements », explique une bon connaisseur de la région. « C'est la première inquiétude du président nigérien », avance cette source.
Reste que pour mobiliser l'attention des Occidentaux, mieux vaut brandir la menace djihadiste que d'invoquer les risques de réactivation d'une rébellion dans les dunes du Sahara et du Sahel. « Il est sûr que AQMI va tenter de se fournir en armes auprès des soldats perdus de Kadhafi et des islamistes du CNT », estime une source bien au fait des questions sécuritaires de la région.
Aujourd'hui, personne ne le conteste ; dans la confusion extrême résultant de la chute du régime de Tripoli, le risque de prolifération des armes est immense. Seulement, si certains estiment que les problèmes d'insécurité de la région ne se règleront pas sans une plus forte implication des pays occidentaux, l'Algérie, soucieuse de conserver un leadership régional dans la lutte contre le terrorisme, refuse toute ingérence extérieure.