Sénégal: Robert Bourgi, ami puis ennemi intime de la la famille Wade

Au Sénégal, le fils du président Wade, Karim, a constitué un groupe d’avocats pour examiner les modalités de dépôt d’une plainte contre le conseiller occulte de l’Elysée Robert Bourgi. Un homme qu'il surnommait «Tonton», il y a quelques mois. La bataille judiciaire qui s’annonce marque un nouveau palier dans la dégradation des relations entre l’avocat et la famille Wade. Un spectaculaire « désamour » sur fond de saga familiale.

Avec notre correspondant à Dakar,

Le Sénégal occupe une place particulière sur la carte d’Afrique de Robert Bourgi. C’est là qu’il est né, à Dakar, le 4 avril 1945. Robert Bourgi est le fils d’un grand négociant libanais. Son père, Mahmoud Bourgi, a été l’un des contacts de Jacques Foccart en Afrique. Foccart disait d’ailleurs de lui qu’il était « bien informé », « influent » et « profondément gaulliste » :  « Par lui, je savais ce qui pouvait se tramer, non seulement au Sénégal, mais au Soudan et en Haute-Volta, les actuels Mali et Burkina. » (1)

Rasseck Bourgi, le frère de Robert, a effectué son stage d’avocat dans le cabinet d’Abdoulaye Wade alors opposant. Il est actuellement l’un de ceux auxquels le président et ses proches font appel pour leur défense.

A quel moment Robert a-t-il, de son côté, noué des liens avec le président sénégalais ? L’histoire ne le dit pas. Mais l’avocat a en tout cas fini par se faire une place dans la photo de famille des Wade. « Robert Bourgi était de toutes les invitations de la famille présidentielle », explique l’ancien Premier ministre Idrissa Seck, « Il était le conseiller dans beaucoup de matières. »

Bourgi se fait surnommer « Tonton ». Il ouvre des portes. Il accompagne Karim Wade en Iran pour demander la libération de Clotilde Reiss. Il partage le deuil familial quand le fils du président perd son épouse.

Après avoir affiché cette grande proximité avec les Wade, le conseiller officieux de Sarkozy finit pourtant par créer les conditions d’une rupture. Depuis juillet, il distille les déclarations acides. Pourquoi ce revirement ? Robert Bourgi mise-t-il sur un changement de pouvoir en 2012 ? L’homme de l’ombre, qui se présente comme un « repenti », n’a sans doute pas encore tout dit sur ses intentions.

(1) Cf Foccart parle, entretiens avec Philippe Gaillard, Fayard-Jeune Afrique. tome I pp 112- 113.

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