Le président rwandais, Paul Kagame, reçu par Nicolas Sarkozy

Le président rwandais, Paul Kagame, entre dans la phase officielle de son séjour en France, ce lundi 12 septembre 2011. Il rencontrera en fin de matinée Nicolas Sarkozy. C'est la première fois que le chef de l'État rwandais est à Paris depuis le génocide de 1994. Les relations entre les deux pays, du fait du rôle de la France avant et pendant les massacres, restent toujours houleuses.

La visite officielle de Paul Kagame en France peut être qualifiée d’historique. C'est la première fois depuis le génocide de 1994, que le chef de l'État rwandais est reçu par un président français.

Paul Kagame déjeune tout à l'heure avec Nicolas Sarkozy à l'Elysée après avoir donné une conférence dans la matinée à l'Institut français des relations internationales (Ifri).

Même si le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé a choisi la Nouvelle-Zélande pour éviter la rencontre, il apparaît que le chef de l'État français a choisi de maintenir  le cap sur un changement dans les relations entre les deux pays.

Le 26 février 2010, Nicolas Sarkozy avait effectué une visite à Kigali. Il avait reconnu à l'époque « une forme d'aveuglement » de la France qui n'avait pas vu « la dimension génocidaire » du régime rwandais hutu, mais pas d'excuses.

Une visite contestée

Du côté de certains cercles politiques -le président du Sénat, Gérard Larcher a décliné une demande de rencontre du président rwandais- et des militaires français, la visite de Paul Kagame est accueillie avec une certaine indignation. Trois plaintes contre des soldats de l'opération « Turquoise » par des Rwandais sont en cours d'instruction à Paris. Des accusations qualifiées  de « monstrueuses » par le général Lafourcade, qui a commandé l'opération militaro-humanitaire en 1994. « Si les accusations ne sont pas retirées à l'occasion de cette visite [de Paul Kagame, NDLR], c'est un véritable camouflet ».

 

Hier, le président Paul Kagame a rencontré la diaspora rwandaise à Aubervilliers, dans la banlieue de Paris. Il a été acclamé avec enthousiasme par près de 3 000 personnes, une bonne partie venue des pays voisins. Un accueil qui tranche avec celui qu'il a connu le 13 juin dernier lors d'une visite à Chicago -ancien fief du président Barack Obama- où un groupe d'opposants avait bruyamment manifesté, traitant  le chef de l'État rwandais de « dictateur ».

Fort de ses réussites économiques, Paul Kagame, réélu avec 93% des voix en 2010, alors que ses principaux adversaires étaient emprisonnés ou en résidence surveillée, ne peut se targuer du même appui des États-Unis et du Royaume-Uni que dans le passé.

Washington, par la voix de sa secrétaire d'État, Hillary Clinton, avait manifesté quelques agacements après la présidentielle, préférant féliciter le peuple rwandais pour ces élections démocratiques plutôt que directement Paul Kagame. Cependant, les États-Unis ont maintenu leur aide économique au pays.

En mai dernier, les autorités londoniennes avaient accusé les services secrets rwandais de vouloir cibler des Rwandais en exil à Londres.

Après avoir été rompues de 2006 à 2009, les relations diplomatiques entre la France et le Rwanda ont repris fin 2009. Cependant, le contentieux entre le président Kagame et le chef de la diplomatie française, Alain Juppé qui occupait déjà les mêmes fonctions au moment du génocide en 1994, donne à la visite du chef de l'État rwandais un caractère bien singulier.

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À consulter :
Rapport accablant pour la France : Paris réagit. Article RFI 5/8/2008.

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