Quand la Chine délocalisera... en Afrique

La croissance chinoise pourrait tomber l’année prochaine, pour la première fois en dix ans, sous la barre des 9%. C’est ce qu’a déclaré mardi 6 septembre 2011 un haut responsable chinois chargé de la politique de changes, laissant ainsi transparaître les inquiétudes de Pékin concernant un ralentissement de l’économie mondiale. En visite en Chine la veille, le président de la Banque mondiale Robert Zoellick a estimé que l’empire du Milieu devait développer sa demande intérieure, mais a également suggéré qu’il commence à délocaliser en Afrique.

Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde

La solution prônée par le président de la Banque mondiale vise à faire d’une pierre deux coups. A la fois en augmentant la productivité des entreprises chinoises en les orientant vers des secteurs à plus forte valeur ajoutée, et en contribuant dans le même temps au développement de l’Afrique. La Chine compte actuellement 85 millions d’emplois à faible valeur ajouté. « Si nous pouvons transférer 5 millions seulement de ces 85 millions d’emplois de la Chine vers l’Afrique, alors l’offre d’emploi pourrait doubler sur le continent », a expliqué Robert Zoellick à Bloomberg. Sachant qu’avec la politique de l’enfant unique, le nombre des 15-24 ans en Chine devrait chuter de 62 millions d’ici à 2025, la Chine devra donc à terme faire face à une pénurie de main-d’œuvre.

Plus facile à dire qu’à faire, font remarquer certains commentateurs en Chine. Le premier obstacle, c’est l’environnement social et politique, note ainsi Liang Xiao Min. « Cette instabilité est cruelle pour les entreprises, on l’a vu encore avec les investissements chinois en Libye où tout est recommencé », explique cet économiste joint en Mongolie intérieure. « Deuxième difficulté, la main-d’œuvre peu qualifiée […]. Ces délocalisations ne sont pas pour tout de suite », conclut-il.

A Pékin, un séminaire économique réunit en ce moment et jusqu’à dimanche des responsables chinois et les représentants de 11 pays africains, mais pour parler de développement rural avant d’éventuelles délocalisations industrielles.

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