Le CNT, le Conseil national de transition libyen quitte Paris avec en poche une belle photo de famille, soixante deux chefs d'Etat de gouvernement et d'organisations internationales, alignées sur trois rangées. Pour le dégel immédiat des 15 milliards de dollars d'avoirs libyens (sur un total estimé à 50 milliards gelés à l'étranger) annoncé jeudi, un membre du CNT a confié à RFI qu'avant de se réjouir, il préférait attendre la confirmation des Nations unies.
A Paris, le CNT semble avoir compris qu'il devait prendre des engagements, et rendre des comptes pour s'assurer de la fidélité de ses alliés, et élargir son cercle d'amis. Le CNT d'abord doit œuvrer pour une Libye nouvelle sur les bases du pardon et de la réconciliation, il s'agit là d'éviter les ratages auxquels on a assisté en Irak suite à la chute de Saddam Hussein.
Il a aussi promis une enquête criminelle sur le meurtre de son chef d'Etat-major Abdel Fattah Younès, alors que des islamistes libyens sont soupçonnés. En tout cas à l'issue de cette réunion, Moustapha Abdeljalil, le président du CNT, a lancé un appel au peuple libyen, un appel à la réconciliation et à la paix.
Par ailleurs, le président du CNT s'est engagé de façon plus globale, à se pencher sur la présence éventuelle de terroristes extrémistes sur le sol libyen, ce qui devrait rassurer Washington, et plusieurs pays africains.
Le Mali, qui n'a pas reconnu le CNT, s'inquiète des conséquences de la guerre sur la sécurité dans la bande sahélo-saharienne. Le président du CNT, Moustapha Abdeljalil a aussi donné des détails sur la transition démocratique alors que plusieurs pays africains se déclarent prêts à reconnaître un gouvernement libyen élargi dès qu'il sera mis sur pied.
Jean Ping, président de la Commission de l'Union africaine qui a tout de même fait le déplacement à Paris, se montre confiant quant à l'avenir de la Libye.
Sur le terrain, des poches de résistances subsistent en Libye. Les rebelles ont prolongé leur ultimatum au 10 septembre aux forces loyalistes à Syrte, la ville natale du Guide libyen.
Sebha, au sud, est également toujours contrôlée par les pro-Kadhafi. Toujours traqué par les rebelles, Mouammar Kadhafi s'est lui de nouveau exprimé dans deux messages. Il déclare une guerre des gangs et une guérilla. Son appel à une résistance populaire a été lancé le 1er septembre, jour anniversaire de son coup d'Etat, il y a 42 ans. Le colonel Kadhafi exclut toute réddition.
Pour l'Otan, tant que Kadhafi représente un danger pour son peuple, les frappes de l'Alliance se poursuivent comme l'affirme son secrétaire général Anders Fogh Rasmussen.
Sur le plan diplomatique, Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies appelle la communuaté internationale à parler d'une seule voix et à agir vite. Il souhaite de toute évidence être associé étroitement à la phase de reconstruction dans le cadre d'une mission civile qui irait de l'aide humanitaire à l'accompagnement du processus électoral en passant par la mise en place de nouvelles autorités judiciaires. Il décrit les contours de ce que pourraient être les missions de l'ONU en Libye.
Mais la conférence d'hier n'a produit aucun texte final pas même de déclaration à minima. L'Afrique du Sud, membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, a boudé même la conférence des amis de la Libye.