Le ton n’a cessé de monter entre les frères ennemis au cours des derniers jours d’août, un mois à peine après que le Soudan du Sud a accédé à l’indépendance. A la déclaration du Soudan qu'il ne tolérerait aucune intrusion dans « ses affaires intérieures », Salva Kiir le président sud-soudanais, a ainsi immédiatement répliqué : « Nous n'oublierons pas nos frères du Kordofan, du Nil Bleu et du Darfour. Quand ils saignent, nous saignons aussi ».
En réalité, la plainte déposée par le Soudan devant le Conseil de sécurité de l'ONU ressemble fort à une fuite en avant car le Nord n'a jamais vraiment admis l'indépendance de ses provinces du Sud. Elle cache surtout le problème de la répartition des ressources pétrolières dont les pourparlers n'ont jamais abouti, car la baisse de la rente pétrolière entraînera forcément une crise économique grave.
Cette fuite en avant a d'ailleurs commencé par une série d'escarmouches dont les premières ont touché Abyei, située au Soudan mais juste à la frontière entre les deux pays. Et il a fallu de longues négociations pour pacifier la zone. Mais entre temps, Khartoum a multiplié les attaques et le feu a gagné les provinces nordistes voisines du Nil Bleu, mais surtout du Sud-Kordofan et les monts Nuba.
Par ailleurs, le président soudanais Omar el-Béchir joue sa survie politique. Très affaibli par sa mise en examen par la Cour pénale internationale, il doit maintenant se défendre contre l'aile dure de son propre parti, le Parti du congrès national, qui vit la sécession du Sud comme une humiliation.