Tripoli: retour progressif au calme

En Libye, Mouammar Kadhafi reste introuvable alors que les rebelles ont installé leur gouvernement dans la capitale, Tripoli. Il s’agit en pratique du transfert du comité exécutif du Conseil national de transition qui se trouvait jusqu’à maintenant à Benghazi. Plusieurs hauts responsables du CNT sont arrivés dans la capitale pour préparer la transition politique. Pour le moment, on observe un calme relatif àTripoli; un retour à la normale après plusieurs jours de combats.

Avec notre envoyé spécial en Libye

Tripoli est calme ce vendredi 26 août en milieu d'après-midi et les rafales sont beaucoup moins nombreuses. Les violences ont cessé vers 1 h la nuit dernière. Pas de coups de feu mais les vrombissements des avions de l'Otan qui patrouillent au-dessus du champs de bataille.

Sur le plan militaire, le front s'est éloigné du centre-ville et se situe désormais derrière l’ex-forteresse de Mouammar Kadhafi. Le quartier d’Abou Salim est l’unique zone à conquérir pour les rebelles. La quasi-totalité des forces d’opposition se sont positionnées jeudi 25 août dans l'après-midi à cet endroit, persuadées que Kadhafi s’y cachait. Dans les immeubles, beaucoup de snipers. Les répliques des rebelles se font à l’arme lourde. Conséquence pour les civils : beaucoup d’habitants dans cette zone se retrouvent au milieu du front.

L’hôpital du centre de Tripoli, tout proche, est saturé depuis cette nuit. Les ambulances multiplient les allers-retours. Des hommes, des femmes, des enfants, atteints par des munitions de gros calibre, sont touchés donc apparemment par les tirs des rebelles. Dans le hall, les médecins s’occupent justement des combattants et situation surréaliste : les deux camps se retrouvent au même endroit, à un mètre de distance.

Le plus tragique, c’est que ces soignants manquent de médicaments et de matériel. Devant son père gravement blessé, une jeune femme racontait : « C’est un désastre, la situation est critique, je n’ai plus rien à dire. Je veux juste demander à Dieu de nous aider ».

La mosquée devient autorité de transition

A Tripoli, il faut désormais organiser la vie quotidienne et remplacer une administration pro Kadhafi chassée par les insurgés.

Et tout naturellement, c’est la mosquée qui s’est imposée comme autorité de transition à Tripoli. C’est devenu un lieu de solidarité qui sert à collecter la nourriture par exemple parce que les magasins n’ont pas encore rouvert et l’approvisionnement de la capitale libyenne est encore loin de fonctionner.

Ce sont aussi les services de la mosquée qui se chargent de chapoter les missions de police dans le quartier. Par exemple, pour éviter que n’importe qui se promène avec une arme, des badges avec nom et photo sont distribués à tous les hommes qui tiennent les check points. Les autres doivent rendre leurs armes qui sont ensuite rassemblées à l’intérieur de la mosquée où un véritable arsenal militaire est en train de se constituer avec des roquettes, des fusils d’assaut et des grenades par dizaines.

Mais vraiment, l’idée c’est avant tout de limiter l’insécurité parce qu’ici, bien sûr, tout le monde est armé en ce moment. Et lorsqu’on demande à l’imam combien de temps il compte se substituer à la police, il répond que cela pourrait durer un an, selon lui, le temps qu’un nouveau régime et qu’une nouvelle administration finissent pas se mettre en place en Libye.
 

 

 

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