Une épaisse fumée noire s'échappait, mardi 23 août 2011 dans l'après-midi, du complexe de Bab al Azizia, la résidence de Mouammar Kadhafi à Tripoli, dans laquelle les rebelles libyens ont pénété mais ont affirmé n'avoir trouvé aucune trace du leader libyen.
C'est grâce à l'arrivée de renfort venus de Misrata, à l'est de Tripoli, que les rebelles libyens ont pu lancer l'assaut contre la résidence de Mouammar Kadhafi. Selon des journalistes de Reuters et de l'Agence France Presse présents sur place, ils étaient plusieurs centaines et il leur a fallu quelques heures pour défoncer la muraille de béton de Bab al Azizia, et investir ses dizaines de bâtiments répartis sur 6 kilomètres carrés.
Les rebelles se sont emparés de stocks d'armes et de véhicules découverts à l'intérieur. Ils ont ensuite célébré leur victoire par des coups de feu en l'air. Sur la chaîne de télévision al-Jazira, ont a même pu voir l'un d'eux grimper sur un symbole du pouvoir de Kadhafi : la sculpture d'une main qui empoigne un avion -référence à des attaques américaines de 1986.
La bataille aurait fait plusieurs morts et de nombreux blessés, apparemment des partisans de Kadhafi. Autour de la résidence, et à Benghazi, le fief des rebelles, des tirs de joie ont éclaté. Célébration d'une victoire qui, selon les rebelles, pourrait être la première étape à la libération de la Libye.
Pas de Kadhafi
Les rebelles ont annoncé n’avoir trouvé aucune trace du Guide libyen, ni de ses enfants. Mouammar Kadhafi est-il déjà parti ? Bab al-Azizia est composé de plusieurs bâtiments, dispose de souterrains et de cachettes, tout comme la résidence des Kadhafi d'al-Bayda qui a été abandonnée à l'est du pays. Sous la salle de sport et la piscine couverte, il y avait des bunkers et des bouteilles d'oxygène.
Pas de traces non plus de son fils Seif el-Islam dont les rebelles ont annoncé à tard la capture lundi et qui depuis est apparu devant les médias. Un coup de théâtre qui a plongé tout le monde dans l'embarras, des insurgés à la Cour pénale internationale, laquelle a lancé contre lui il y a deux mois environs un mandat d'arrêt pour crimes contre l'humanité. En effet, le procureur Luis Moreno Ocampo avait confirmé aux journalistes avoir reçu des informations sur l'arrestation de Seif el-Islam.
Seule explication disponible pour l'instant : celle du responsable de la communication du CNT, joint par RFI. D'après lui, le CNT est tombé dans un piège des forces pro-Kadhafi visant à le discréditer ; les insurgés auraient eu le tord de faire confiance à d'anciens soldats de Kadhafi qui prétendaient avoir rejoint la rébellion et capturé Seif el-Islam. Il aurait fallu leur demander des preuves solides, dit Shamsiddin Abdulmolah. Il reconnaît que l'annonce de cette arrestation était précipitée.
Résistance des troupes loyalistes
Les troupes du colonel Kadhafi résistent ailleurs dans la ville de Tripoli. Plusieurs tireurs isolés (snipers) ont été disséminés un petit peu partout dans la ville pour donner une atmosphère de chaos. Un objectif atteint puisque les snipers sont très difficiles à détecter, très difficiles à neutraliser. Certains se demandent même si avec la chute possible de Bab al-Azizia, ces tireurs s’arrêteront de combattre pour autant.
Guerre de communication
Ces dernières heures, Mouammar Kadhafi se serait entretenu avec le président russe de la fédération internationale des échecs. Le Guide libyen aurait répété qu'il n'avait pas l'intention de quitter le pays, mais il faut préciser que la personnalité russe qui rapporte les propos est un homme excentrique pas toujours crédible.
Les Etats-Unis et la France sont plus que jamais du côté des rebelles. lls ont annoncé cet après-midi qu'ils vont « poursuivre leur effort militaire » jusqu'à ce que Kadhafi et son clan déposent les armes.
En résumé, on a donc des images, mais peu d'informations précises, les communications sont toujours presque impossibles avec Tripoli. Alors que la guerre de communication bat son plein du côté des insurgés comme du côté du gouvernement.
Les hôpitaux de Tripoli manquent de tout pour soigner les blessés. Le CICR a visité plusieurs centres de soins et souligne les graves lacunes en terme de matériel médical et de personnel.