Sur l’ordinateur de la responsable crédit-PME d’Accès Banque Madagascar s’égraine la litanie des clients en difficulté : « Mauvaise gestion, difficulté de recouvrir 22 voitures, maladie dans la famille, diminution du chiffre d’affaires car une seule voiture fonctionne, perte d’une partie de la clientèle, retard de paiement par la Jirama (la compagnie d'eau et d'électricité de Madagascar) ».
Si la grande majorité d’entre eux arrivent tout de même à honorer ses remboursements, ils sont de plus en plus nombreux à demander des rééchelonnements de leurs dettes : « Depuis janvier et encore plus depuis les trois derniers mois, les gens ont des problèmes. Il y a comme une vague de problèmes. C’est intéressent de voir que la vague frappe les PME. On ne voit pas les mêmes tendances maintenant en micro entreprise, ça ne les a pas encore frappées. Les problèmes de liquidité qu’ont maintenant les PME vont frapper les micros entreprises, mais plus tard », prédit la banquière.
Pour le moment, la plupart des tous petits commerçants résistent tant bien que mal, leurs revenus ayant toujours été modestes. Ce sont aujourd’hui les grossistes ou les propriétaires de taxis collectifs qui ont par exemple, et pour des raisons différentes, du mal à faire face au quotidien.
En revanche, il est un secteur particulier qui ne connaîtrait pas la crise : « L’importation des voitures, ça marche beaucoup. Il y a beaucoup de demandes, de 4x4, et on constate aussi dans les rues d’Antananarivo qu’il y a de plus en plus de 4x4 malgré la crise ». Certains arrivent ainsi à s’enrichir malgré la période de transition. Un paradoxe déroutant quand on quitte les rues pavées pour s’enfoncer dans les bas quartiers où la misère est toujours aussi alarmante.