Avec notre correspondant à Conakry
Tout a commencé jeudi 28 juillet 2011 lorsque les autorités régionales de N’Zérékoré ont fait arrêter le président du district de Saoro, André Marmou, deux membres de son bureau et trois jeunes planteurs du village qui s’opposent à une expropriation de leurs terres. Il faut savoir qu’un décret de feu général Lansana Conté, signé le 3 février 2003, octroyait à la Soguipah 1 800 hectares de terres agricoles à usage industriel et commercial, à l’insu des villageois.
Mais ledit décret n’a précisé ni le calendrier de l’expropriation, ni les propriétés concernée, ni le plan d’indemnisation des familles devant être expropriées. C’est pourquoi celles-ci se sont fortement mobilisées et se sont opposées à l’extension des plantations de la société sur leurs terres, héritées, disent-ils, de leurs ancêtres.
En lieu et place de négociations, ce sont les forces de l’ordre qui ont débarqué. Prises de panique, quelque 513 personnes des 4 500 du villages ont pris la route de N’Zérékoré pour se placer sous la protection des Nations unies. A mi-chemin, elles ont été interceptées par des pick-up plein de soldats : bastonnades, humiliations, tout y était selon leur porte-parole qui précise qu’au moins vingt villageois ont été faits prisonniers. Les plus solides se sont enfuis dans la brousse, y compris des dizaines d’enfants en très bas âge. Finalement, 109 d’entre eux ont pu gagner N’Zérécoré pour se réfugier à la cathédrale sous assistance humanitaire.