RCA : l'ex-capitaine Eugène Ngaïkosset dément son évasion du camp de Roux à Bangui

L'ex-capitaine des forces navales, Eugène Ngaïkoisset, ne s'est pas enfui de la prison du camp de Roux de Bangui, comme annoncé officiellement, il est « sorti du camp pour rentrer tranquillement » chez lui après l'annonce de sa rétrogradation. Mis aux arrêts ce 6 juillet 2011, Eugène Ngaïkoisset est surnommé en Centrafrique, le Boucher de Paoua, du nom de cette ville du nord-ouest, théâtre de graves exactions de la garde présidentielle en 2005-2007. C'est la première fois que l'officier, ancien compagnon d'armes du président Bozizé, est inquiété.

Officiellement, Eugène Ngaïkosset est en cavale : il  se serait enfui du camp de Roux où il était aux arrêts depuis mercredi.

Interrogé par RFI, Eugène Ngaïkosset affirme pourtant qu'il est tranquillement chez lui. Il raconte : « Quand j'ai entendu à la radio que j'avais été dégradé au rang de sous-lieutenant, j'étais dans la cour, en train de dîner. Je me suis dit : je ne peux pas subir deux peines à la fois être dégradé et être en tôle. Je suis donc sorti du camp, par la grande porte et personne ne m'en a empêché » Sur les faits qui lui sont reprochés, l'officier centrafricain se défend : « je n'ai insulté personne, je n'ai menacé personne avec mon arme et c'est en bon soldat qui obéit aux ordres, que j'ai accepté de me rendre quand j'ai été mis aux arrêts ».

Mercredi 6 juillet, un décret présidentiel l’a rétrogradé au grade de sous-lieutenant. L’ex-capitaine aurait giflé et menacé des militaires français, suite à un banal accident de la circulation sur l’avenue des Martyrs à Bangui.

Pour Me Assingambi Zarambaud, ancien bâtonnier de l'Ordre des avocats, si cet officier a menacé quelqu'un avec son arme, cela constitue une infraction : « Il doit être poursuivi devant les tribunaux et ne pas uniquement faire l'objet d'une simple mesure disciplinaire ». L'avocat ajoute : « cette affaire pose une fois de plus la question de l'impunité en Centrafrique où des militaires proches du chef de l'État se sentent intouchables ».

L'ex-capitaine Eugène Ngaïkoisse, qui est un ancien compagnon d'armes du président François Bozizé, a été surnommé le Boucher de Paoua, -ville située à 500km au nord de Bangui- en raison de son action contre les rébellions dans le nord-ouest du pays, entre 2005 et 2007.

Au cours de ces opérations, la garde présidentielle aurait massacré plusieurs centaines de personnes, provoquant la fuite de miliers d'autres. Ces violences et ces crimes été dénoncées dans le rapport Rébellions et exactions contre la population civile, par l'organisation Human Rights Watch qui tient Eugène Ngaïkosset pour responsable de l'exécution sommaire de 51 élèves au moins.

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À consulter :

La CPI enquête sur des crimes sexuels en Centrafrique. Article RFI 22/5/2007.
Le Tchad envoie des renforts en Centrafrique. Article RFI 17/11/2006.
Patassé accusé d'instrumentaliser les coupeurs de routes. Article RFI 13/3/2006.

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