Soumaïla Bakoyoko a déjà eu le temps de s’habituer à son fauteuil. Le nouveau chef d'état-major de l'armée est en effet installé depuis plusieurs semaines dans les bureaux de son prédécesseur, Philippe Mangou. De nature posée, le plus haut gradé des ex-Forces nouvelles est présenté comme consensuel, loin de l'image d'un chef de guerre.
L'un de ses plus grands défis – il le dit lui-même – sera d'unifier les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) puisque la nouvelle armée est censée regrouper les forces d'Alassane Ouattara et l'armée régulière, ainsi que certains des jeunes miliciens qui leur ont été associés. L'autre objectif important est la normalisation sécuritaire. Ils devront faire rentrer dans la légalité les comzones, ces chefs de guerre de l'ex-rébellion qui contrôlent le Nord depuis 2002 et se sont répartis Abidjan depuis trois mois en sept zones d'influence, et rétablir la gendarmerie et la police dans leur rôle.
Les adjoints de Soumaïla Bakayoko ont été désignés dans un probable souci de réconciliation. Nommé chef d'état-major adjoint, le général Deto Leto est l'ancien patron de l'armée de terre ; il s'était rallié au camp Ouattara au tout début de la bataille d'Abidjan. D'anciens membres de l'armée de Laurent Gbagbo sont aussi nommés à la tête des trois forces, terrestre, aérienne et navale. En revanche, le général Kassaraté, patron de la gendarmerie jusqu'ici, cède sa place stratégique à Gervais Kouakou Kouassi, issu des Forces nouvelles.