Libye : le CICR permet à 350 personnes de quitter Tripoli

Un ferry affrété par le CICR a permis à 350 personnes bloquées à Tripoli de retrouver leurs familles à Benghazi du côté des insurgés. La traversée a duré vingt quatre heures. Les rapatriés s’étaient rendu à Tripoli en février soit en déplacement professionnel soit pour rendre visite à des proches et se sont ainsi retrouvées bloquées dans la Tripolitaine, du mauvais côté du conflit. A leur arrivée les rapatriés ont évoqué la vie quotidienne à Tripoli dont on a peu de nouvelles, mais surtout, hier soir, des familles séparées depuis quatre mois se sont enfin retrouvées.

Avec nos envoyés spéciaux à Benghazi

Ils jouent au snooker ensemble dans l’équipe nationale, ils sont comme des frères et leur étreinte devant le ferry Ionis a duré trois bonnes minutes. « Je l’attends depuis ce matin, je ne savais pas s’il était sur ce bateau, la semaine dernière pour le premier bateau j’avais attendu aussi mais il n’était pas à bord, donc je suis ravi », explique un jeune homme.

Il est d’autant plus soulagé de retrouver son meilleur ami qu’il a pris des risques à Tripoli. « Je suis heureux d’être en sécurité ici et de ne plus être à Tripoli parce que nous avons tenté des choses contre le gouvernement là-bas, mais nous avons eu des ennuis, c’est aussi pour ça que je suis parti », dit-il.

Rotation dans le sens inverse la semaine dernière

Les rapatriés ont évoqué la pénurie d’essence dans la capitale, la vie chère et le climat d’oppression, loin de leurs proches. Pour ce jeune serrurier de 21 ans, ces quatre mois d’attente à Tripoli ont duré toute une vie : « J’ai l’impression de respirer pour la première fois de ma vie. Là-bas à Tripoli j’étais loin de tout le monde donc je réfléchissais tout seul, je pensais aux problèmes tout seul entre quatre murs », raconte t-il.

La semaine dernière, le ferry Ionis affrété par le CICR avait effectué une rotation dans le sens inverse, permettant à une centaine de Tripolitains de regagner leur ville. Dibeh Fakhr est porte parole du CICR à Benghazi : « Cela a pris presque trois mois pour organiser l’opération, nous avons dû coordonner avec les deux autorités des deux parties en conflit, nous leur avons soumis les listes avec tous les noms, en toute transparence, pour permettre aux rapatriations de voir le jour ».

Insurgés et forces loyalistes se font la guerre sur le front mais ils ont collaboré par le biais du CICR lors de ces opérations de rapatriement, une première depuis le début du conflit en Libye.

Partager :