Avec notre correspondante à Rabat, Léa Lisa Westerhoff
Dans le cortège, la photo du visage tuméfié de Kamal el Omari était partout. Un bleu à chaque œil, la lèvre explosée ; ils étaient des centaines à brandir son portrait aujourd’hui. Après les coups de matraque des trois dernières semaines, la contre-offensive des manifestants s’est voulue plus directe, et ils n’ont pas hésité à exposer cette image violente.
Bien que les autorités démentent que Kamal el Omari soit mort des suites de ses blessures, les jeunes du « 20 février » tiennent leur martyr. C’était le message. Le Marocain de 30 ans est mort quatre jours après avoir été tabassé dans une manifestation. Et comme pour mieux désamorcer cette colère, la police n’est pas intervenue. Les forces de l’ordre étaient même quasi absentes de la capitale.
Les mots d’ordre de la foule, eux, n’ont pas changé : les manifestants veulent toujours que le régime se démocratise. Ils exigent des garanties que la justice soit indépendante, que les responsables politiques corrompus soient jugés, ou encore qu’il y ait un accès égal à l’emploi. Et à quelques jours de l’annonce d’une réforme de la Constitution, il s’agit de ne pas lâcher la pression, seule garantie de tenter d’imposer ces changements.