En prison à Yaoundé, Michel Thierry Atangana, le détenu le plus célèbre du Cameroun, est accusé de détournement de fonds publics dans le cadre de l'affaire Copisur, du nom d'un fond public camerounais qui a servi dans les années 90 à financer des projets d'infrastructures au pays.
Alors qu'il achève de purger sa peine de quinze ans, la justice camerounaise est en passe de le condamner une nouvelle fois dans un dossier similaire. De même que Titus Edzoa, un ancien proche du président Biya, tombé en disgrâce. L'audience doit se tenir ce mercredi 25 mai.
« Trois accusations pèsent sur M. Atangana, précise son avocat, Rémi Baruosse. On lui reproche, alors qu’il était présent sur Copisur, d’avoir bénéficié de financements hors du cadre légal camerounais. En France, les accusations ne relèveraient que d’une simple mention dans un rapport de la Cour des comptes ou un passage devant la Cour des comptes. En aucun cas, dans un Etat de droit normal, il n’aurait été condamné à 15 ans d’emprisonnement et encore moins à une deuxième condamnation de 15 ans. »
Son avocat dénonce un procès politique. « Il y a des enjeux politiques derrière ce procès. Le département d’Etat américain a publié un rapport sur les droits de l’homme au Cameroun et dans ce rapport il est écrit noir sur blanc qu’il y a deux personnes qui devraient être considérées comme des prisonniers politiques. Ce sont MM. Edzoa et Antagana, indique-t-il. Seule une pression internationale permettra de mettre à jour le caractère politique de cette condamnation. »
Cette thèse est réfutée du côté du pouvoir. « Nous sommes un Etat de droit. Ce procès a été équitable et impartial, a déclaré Issa Tchiroma, porte-parole du gouvernement camerounais. La défense comme l’accusation de manière publique ont pu faire valoir leur argumentation devant les juges. C’est au terme de cette démarche qu’un jugement a été rendu. M. Thierry Antagana est inconnu de la scène politique camerounaise. C’est un citoyen camerounais qui n'est ni de loin ni de près impliqué en politique. »