Personne donc sur le banc des accusés lundi à Arusha. Félicien Kabuga se cacherait au Kenya. Voilà dix ans qu'il échappe au TPIR. En revanche, des témoins ont fait le déplacement pour faire leurs dépositions contre l'homme d'affaires rwandais considéré comme le principal financier du génocide. Sur les 5 semaines à venir, ils seront plus de trente, d'après l'équipe du procureur.
Pourtant, il ne s'agit pas d'un procès par contumace, les dépositions devant le juge sont simplement filmées, et enregistrées. Le but de ces audiences réclamées par le procureur, c'est en effet de préserver les éléments à charge quand les fugitifs tardent à être arrêtés au cas où les témoins seraient morts ou introuvables d'ici un éventuel procès. C'est la première fois que le procureur recourt à cette procédure instaurée il y a deux ans.
Fin 2014, le TPIR ferme ses portes. Dès l'an prochain, une sorte de tribunal restreint prendra le relai, avec pour mission, justement, de juger les principaux accusés encore en fuite si un jour ils sont arrêtés. Avec ces dépositions, le procureur prépare en quelque sorte le terrain.
Des audiences similaires auront lieu ensuite pour les deux autres fugitifs de haut rang : l'ex-ministre de la Défense Augustin Bizimana et un ancien commandant de la garde présidentielle, le major Protais Mpiranya. Tous deux vivent dans la clandestinité dans les Grands Lacs.