L'évacuation s'est effectuée sous le feu des roquettes et des mortiers. Les tirs ont semé la panique parmi les migrants qui attendaient d'être évacués. L'opération s'est déroulée dans des conditions extrêmement périlleuses.
« Un petit peu comme par miracle, on a réussi avec les autorités portuaires à débarquer les 180 tonnes d'aide humanitaire. Nous avons pu embarquer 800 personnes », raconte Jean-Philippe Chauzy, porte-parole de l'Organisation internationale des migrations (OIM).
Vers midi, une vingtaine de roquettes explosent en rafales à moins d'un kilomètre du navire. Elles frappent le camp de tentes où vivent, dans des conditions inhumaines, des centaines de réfugiés africains. Cinq Nigérians ont été tués.
Devant la rampe d'accès au navire, rapporte le journaliste de l'AFP, des dizaines, et bientôt des centaines de Libyens s'agglutinent, cherchant à forcer le passage. Ils ne comprennent pas pourquoi on les empêche d'embarquer alors que des camions-bennes amènent les réfugiés africains. Ceux-ci montent calmement à bord du Red Star One.
« Malheureusement, nous avons dû laisser aussi à quai plusieurs centaines de personnes. On a dû relever le pont, tout simplement parce que notre navire a une capacité limitée. »
Quelques femmes, enfants et vieillards libyens parviennent tout de même à embarquer avant que l'émeute n'éclate. À quelques encâblures du port, le navire s'arrête à nouveau : des blessés et des réfugiés étrangers -pas tous- montent encore à bord.
Finalement, c'est 1 300 personnes que le Red Star One conduit à Benghazi. Il resterait encore 300 à 400 réfugiés étrangers à Misrata, selon un représentant de Mercy Corps, une association humanitaire américaine.
L'OIM s'engage à porter secours à ceux qui sont restés à Misrata mais l'organisation lance de nouveau un appel aux belligérants pour qu'ils cessent les tirs et les bombardements lors des opérations d'évacuation.
Cette évacuation avait été retardée de quatre jours, en raison des tirs de mortiers qui sont tombés sur la zone portuaire ce week-end, et en raison de mines flottantes déposées par les hommes de Kadhafi dans les eaux du port. Deux des 36 blessés qui devaient être évacués ont succombé à leurs blessures avant le départ. Un autre est décédé alors que le bateau venait de quitter Misrata. C'est la sixième rotation d'un navire de l'OIM entre Misrata et Benghazi depuis deux mois.
Au cours des six derniers mois, l'OIM est parvenu à évacuer 6 000 personnes au total. La plupart sont des travailleurs migrants du Niger et de l'Afrique de l'Ouest mais il y a eu aussi des dizaines de journalistes et des combattants blessés.
Une responsable du Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR), Maness Ghanem, a par ailleurs annoncé que plus de 41 600 personnes ont fui les combats en Libye, via le poste-frontière de Dehiba, vers le sud de la Tunisie, au cours de ces quatre dernières semaines.