Au Burkina Faso, des mesures pour répondre à la contestation

La situation demeure tendue au Burkina Faso. Une manifestation violente d'étudiants a eu lieu à Koudougou et les mutineries militaires se poursuivent dans plusieurs villes du pays. Pour tenter d'endiguer la vague de contestation, le président Blaise Compaoré a nommé un nouveau Premier ministre, Luc-Adolphe Tiao, ambassadeur à Paris, en remplacement de Tertius Zongo dont le gouvernement avait été dissous le 15 avril dernier.

Luc-Adolphe Tiao, journaliste de formation, vient d’être nommé Premier ministre du Burkina Faso. Mais dans la rue et dans les casernes, la contestation se poursuit. Hier lundi 18 avril, à Kaya, dans le nord du pays, des soldats sont descendus dans les rues et ont tiré en l'air. Dans le même temps, des étudiants ont à nouveau manifesté à Koudougou et le siège du parti au pouvoir a été incendié. Et cette nuit, des tirs de soldats ont été entendus à Gorom-Gorom, localité de l'extrême-nord du pays. Les autorités affirment que le règlement des salaires et des primes des militaires est en cours.

Si dans l’entourage présidentiel, on minimise l’ampleur de la contestation dans les casernes, on reconnait qu’il s’agit tout de même d’une sérieuse alerte et qu’il faut rapidement tirer les enseignements de cette crise.

Le président Blaise Compaoré prend en tout cas la situation au sérieux. Il a révoqué le gouvernement et nommé un nouveau Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, spécialiste de la communication. Il a également choisi un nouveau chef d’Etat major, Honoré Traoré. Ancien président de la fédération de football, il est, dit-on, respecté des militaires et très populaire. D’autres nominations sont en cours pour changer de nombreux chefs de corps au sein de l’armée.

Il faut rompre avec les anciens qui sont restés trop longtemps dans les circuits du pouvoir et cristallisent le mécontentement de la population, explique une source proche de la présidence. Blaise Compaoré, au pouvoir depuis vingt-quatre ans, s’est de plus beaucoup investi ces dernières années dans le règlement de crises régionales : en Côte d’Ivoire bien sûr, mais aussi en Guinée et au Niger.

Il paye peut être aujourd’hui le prix de cette distance prise avec les Burkinabé. Il devra procéder à des réformes politiques qui redonnent confiance et se réinvestir auprès de la population, explique un observateur, avant de conclure : il lui faudra faire vite et bien.

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