Côte d'Ivoire : timide reprise de l'activité à Abidjan

Alassane Ouattara tente de remettre la Côte d’Ivoire en marche moins d'une semaine après la chute de Laurent Gbagbo. Ce lundi 18 avril, les fonctionnaires et notamment les policiers et les gendarmes devaient reprendre le travail conformément au souhait du nouveau président ivoirien. A la mi-journée on notait, malgré les difficultés de transport et les séquelles des affrontements, un début de reprise de l'activité.

D’après plusieurs témoignages, la plupart des fonctionnaires qui se trouvent actuellement à Abidjan se sont rendus à leur bureau. L’une des difficultés redoutées, c’était le moyen d’y arriver, mais la Société publique des transports urbains, la Sotra, a sorti des cars ce matin.

D’autres fonctionnaires ayant leur propre véhicule les ont pris s’ils avaient du carburant. Citons aussi d'autres cas comme celui de ce cadre de la direction générale du Trésor qui s’est fait voler sa voiture et qui s’est rendu à son bureau en taxi, des taxis de plus en plus nombreux dans les rues de la ville.

Au Plateau, le quartier des ministères, on ne croisait pas seulement des fonctionnaires venus pour travailler ce matin. Un enseignant à la retraite, rencontré près de la banque du Trésor public, se désolait de devoir rentrer sans argent pour nourrir sa famille.

Le cas aussi d’une femme qui travaille au ministère des Finances, mais qui est en congé maternité en ce moment, était juste venue chercher son argent. Seul problème, même si la plupart des agents la banque du Trésor public étaient bien là ce matin, le matériel informatique de la banque a été saccagé ou pillé. La banque des fonctionnaires a même dû renvoyer ses agents.

En général, les fonctionnaires se sont donc bien rendus sur leur lieu de travail, mais il est encore difficile de savoir dans quelle proportion, certains ayant quitté Abidjan ces derniers mois.

Au cours de cette semaine de reprise, la durée de la journée de travail se terminera à 16H30 au lieu de 18H00.

Enquêtes contre d'anciens dirigeants du régime Gbagbo

Le ministre de la Justice, Jeannot Ahoussou Kouadio, a annoncé le 17 avril qu'il va saisir le procureur d'Abidjan pour ouvrir des enquêtes contre les membres de l'ancien gouvernement et de son appareil sécuritaire, susceptibles d'avoir commis des crimes de sang, des achats d'armes ou des détournements d'argent. Jean-Paul Benoît, l'un des avocats du président Alassane Ouattara s'en explique. 

De leur côté, les partisans de Laurent Gbagbo continuent de se plaindre d'être victimes de représailles de la part des fidèles du président Ouattara. C'est le cas des journalistes de Notre Voie, l'organe de presse du FPI, le parti de l'ex-président ivoirien.

Un Ivoirien déplacé confirme à RFI  que les partisans de Laurent Gbagbo sont harcelés. « La réconciliation c'est bien, mais nos parents ont peur car ils sont de la région du

président sortant. Il ne faut pas demander la réconciliation devant les micros des Occidentaux et en même temps piller les biens des gens à Abidjan et les plantations dans les villages ».

Les avocats de Laurent Gbagbo se plaignent, eux, de n'avoir pu avoir aucun accès à leur client, une semaine après son arrestation à Abidjan. Maître Gilbert Collard du collectif de défense de l'ex-président ivoirien juge la situation « insupportable pour un Etat qui veut s'inscrire dans la démocratie».

Aide humanitaire

Au quotidien , la situation des Abidjanais demeure encore difficile. Un avion affrété par Action contre la faim (ACF) et contenant 35 tonnes de nourriture,

essentiellement de biscuits énergétiques, est arrivé le 15 avril à Abidjan. La distribution de ces vivres a commencé dans deux sites de regroupement de Cocody dont l'un compte 300 personnes. Reportage de notre envoyé spécial.

 

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