Des tirs d’armement lourd et d’armes légères ont marqué la journée de vendredi dans la plus grande commune urbaine d’Abidjan. Les affrontements ont duré tout l’après-midi. Beaucoup d’habitants de Yopougon racontent qu’ils ont vécu toute une demi-journée la peur au ventre, terrés dans leurs maisons.
Tout n’est pas encore clair sur l‘identité des hommes armés qui ont fait face aux Forces républicaines. La nouvelle armée nationale et le gouvernement communiquent peu sur Yopougon, une commune livrée encore aux pillages jusqu’à jeudi, quatre jours après l’arrestation de Laurent Gbagbo.
L’unité des FRCI commandée par Issiaka Konaté, dit Wattao, avait annoncé vouloir se rendre jeudi dernier dans la commune, pour se montrer à la population et peut-être même récupérer des armes déposées par les patriotes. S’agissait-il d’intox ? Certaines sources disent que les FRCI se sont heurtés ce 15 avril à des miliciens pro-Gbagbo, d’autres que le coup de feu contre les FRCI est l’œuvre de mercenaires libériens.
Manifestement l’intensité des tirs de la veille montre que Yopougon n’est pas encore sécurisée. Alors que dans ce fief de Laurent Gbagbo, une partie de la population craint d’être victime d’exactions.
Situation des étrangers
Des dizaines de milliers de personnes, souvent affamées, attendent une assistance qui n’arrive pas. Pour les Ivoiriens qui ont quitté leurs domiciles, ils ont été accueillis par des parents ou des amis. Le cas des étrangers est tout autre : si les Maliens et les Mauritaniens se sont réfugiés dans leurs ambassades respectives, les Sénégalais, eux ne se sont pas regroupés.
Dépêchés à Abidjan par le ministère sénégalais des Affaires étrangères il y a trois semaines, Alassane Cissé et Thierno Souleymane Diack avaient prévues de commencer le rapatriement de leurs ressortissants le 31 mars, en remontant la Côte d’Ivoire par la route Abidjan-Bouaké.
Quatre jours plutôt, l’offensive des FRCI, parti du Nord et de l’Ouest, pour chasser Laurent Gbagbo a commencé. Les deux émissaires sénégalais ont été contraints de vivre la bataille d’Abidjan. Ils déplorent la mort d’une dizaine de personnes et quelques blessés au sein de leur communauté. Après l’arrestation de Laurent Gbagbo, le Sénégal a renoncé à rapatrier ses ressortissants.
Côté français, le camp de Port-Bouët a cessé, ce vendredi, d’être une base d’accueil. Elle a hébergé jusqu’à 5 000 civils, dont la moitié sont des Français. Il ne reste qu’une dizaine de personnes, des situations particulières notamment pour des raisons sanitaires, selon le porte-parole de la force Licorne.