D’après un haut fonctionnaire, qui était encore en poste à Tunis au début de l’année, Zine el-Abidine Ben Ali avait donné pour instruction de faire bombarder Kasserine, l’épicentre avec Sidi Bouzid des émeutes de décembre 2010 et janvier 2011.
La source l’a affirmé à trois membres de la commission d’enquête dont son président, Taoufik Bouderbala : « C’est une source sûre et digne de foi. Elle a dit que le président avait donné l’ordre de bombarder la ville de Kasserine si les manifestations ne se calmaient pas. Le parquet, le procureur général auprès du tribunal de première instance de Kasserine, va enquêter sur la véracité de cette information : à qui l'ordre a été donné, comment il a été répercuté. Immédiatement aujourd’hui, l’ordre a été donné par le ministère de la Justice d’ouvrir une enquête ».
La commission estime que 23 personnes ont été tuées au cours des manifestations à el-Zouhour et el-Nour, deux quartiers de Kasserine.
Les autopsies, photos et certificats de décès prouvent, selon Taoufik Bouderbala que les forces de l’ordre ont tiré à balles réelles, non pour disperser la foule, mais bien pour tuer : « L’emplacement de l’impact des balles se situe en plein front, dans les yeux, un œil où les deux parfois, la trachée artère, le cœur, et pour deux ou trois cas, ils ont été touchés dans la colonne vertébrale. C’était des gens qui essayaient de s’enfuir ».
Plus de 1 000 dossiers ont été versés à la commission d’enquête. Elle devrait rendre son rapport intermédiaire d’ici trois mois.
Taoufik Bouderbala a été nommé le 24 janvier dernier à la tête de la commission d'enquête. Il était l'ancien président de la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l'homme.
_____________
Massacres : plus de 50 morts à Kasserine, Thala, Feriana, Regueb, Mekn sur le blog de L'Atelier des média RFI 9/1/2011