Avec notre envoyé spécial
C’est un calme très précaire qui règne ce matin du 2 avril 2011 sur Abidjan. Des pillages sont signalés dans diverses parties de la ville. Des tirs se font encore entendre régulièrement mais les combats n’ont pas encore repris sur les sites stratégiques du Plateau et de Cocody. La bataille aurait en revanche recommencé au camp de gendarmerie d’Agban où sont retranchées des unités fidèles à Laurent Gbagbo.
Selon des sources au sein des FRCI, une attaque de grande ampleur commencera en fait après 12h00 heure locale, lorsque le couvre-feu décrété par Alassane Ouattara sera entré en vigueur. Concernant Laurent Gbagbo, la RTI qui émet à nouveau depuis hier soir a annoncé ce matin que ce dernier se trouvait à la résidence présidentielle.
La diplomatie africaine tente de jouer une dernière carte
La télévision d’état assure également qu’Abidjan est entièrement sous contrôle des Forces de défense et de sécurité et un message pour appeler les FDS à se regrouper dans plusieurs points de la capitale économique ivoirienne a été diffusé en direct.
Dans ce contexte extrêmement tendu, la diplomatie africaine tente de jouer une dernière carte. Selon plusieurs sources, des délégations mauritaniennes et de l’Union africaine pourraient venir à Abidjan si un cessez-le-feu était décrété.
D’après nos informations, Laurent Gbagbo serait prêt à les recevoir mais pas Alassane Ouattara. Ce dernier estime que l’heure n’est plus aux discussions et que celles-ci ne seraient qu’une manœuvre du camp adverse pour gagner du temps et se réorganiser.
Dans l'ouest du pays, les organisations non gouvernementales s'inquiètent. D'après le Comité international de la Croix-Rouge, au moins 800 ivoiriens sont morts à Duékoué, victimes selon le CICR de violences entre communautés. Les délégués de la Croix-Rouge présents sur place disent avoir vu eux-mêmes un très grand nombre de corps.
Human Rights Watch appelle Alassane Ouattara, le président reconnu par la communauté internationale, à protéger les civils. L'organisation lui demande de prendre la parole et d'ordonner publiquement à tous ses soldats de respecter les droits de l'homme, afin d'empêcher toutes représailles de ses partisans contre les soutiens du chef de l'état sortant, Laurent Gbagbo.
Toujours dans l'ouest du pays, dans les zones de Guiglo et Daloa, le Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme et Amnesty International mettent en cause les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire, pro-Ouattara, coupables selon les deux instances d'avoir commis des violences contre les civil.
Le gouvernement nommé par Alassane Ouattara s’en défend, par la voix de son ministre de la Justice, Jeannot Ahoussou Kouadio.