Au Burkina, les militaires tirent une roquette sur le palais de justice de Fada Ngourma

Des militaires du 32e régiment d'infanterie commando continuaient mardi soir leur mouvement de colère dans la ville de Fada N’Gourma, à 220 km à l'est de Ouagadougou. Une roquette a même été tirée sur le palais de justice de la ville. Ces événements, quelle que soit leur issue, sont le signe d'un malaise au sein d'une armée qui avait pourtant la réputation d'être bien organisée et très disciplinée.

Des militaires qui tirent en l'air à Ouagadougou, des chars qui défilent à Fada N’Gourma et qui tirent un obus sur le palais de justice ! « Que se passe-t-il », s'interroge le professeur Augustin Loada.

Le responsable du centre pour la gouvernance démocratique se demande si « le mythe d'une armée burkinabé pilier du régime, disciplinée, garante de l'ordre et de la stabilité, n'est pas en train de s'effondrer ».

« Ce n'est pas un simple mouvement d'humeur mais le signe d'un malaise plus profond », explique un sociologue. Ce mouvement de contestation serait d'après lui le signe d'une double fracture au sein de cette armée. Tout d’abord, la force de la sécurité présidentielle est perçue comme une unité privilégiée et fait des envieux au sein des autres corps.

Une justice à deux vitesses ?

Autre fracture : celle qui oppose la troupe à sa hiérarchie. D'après plusieurs témoignages, les soldats en colère dénoncent une justice à deux vitesses : pourquoi la loi s'applique contre l'un d'entre nous alors que dans d'autres dossiers qui concernent le commandement militaire, nul n'est inquiété et c'est l'impunité qui prévaut ?

Autant de frustrations qui s'expriment dans un contexte plus général de vie chère et de turbulences sociales. Selon un ancien ministre, « cette tension peut retomber rapidement. Tout dépend de la façon dont la crise est gérée ».

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