Une intervention militaire en Libye ne fait pas l'unanimité

L’Organisation de la conférence islamique est contre une intervention militaire en Libye. La France, par la voix de son tout nouveau ministre des Affaires étrangères Alain Juppé, indique qu’aucune intervention militaire ne se fera sans mandat clair des Nations unies. L’Otan, de son côté, dit se préparer en toute éventualité. Toutes les options sont sur la table, dit aussi la chef de la diplomatie américaine. Hillary Clinton a tout de même souligné qu’aucune action militaire impliquant des navires américains n’était prévue dans le pays. Précision après le déploiement des forces navales et aériennes positionnées autour de la Libye. Comment est perçu ce déploiement américain ?

Avec notre envoyé spécial à Benghazi

L’annonce de Washington a été finalement froidement accueillie à Benghazi. Nous sommes même passés devant un panneau d’affichage de trois mètres sur deux, fraichement imprimé où on pouvait lire : « No foreign intervention », « Pas d’intervention étrangère». Même son de cloche devant le siège du Conseil national de la transition mardi matin. « Cela va se terminer comme en Irak avec de nombreuses pertes civiles », s’inquiétait un maçon à la retraite, ajoutant que les Libyens s’étaient débarrassés des colons italiens sans l’aide de personne et qu’il en irait de même de Kadhafi. Les membres du Conseil national officiellement n’ont pas souhaité commenter.

Les Libyens s’accordent sur le fait que seule une opération militaire viendra à bout de Kadhafi et de nombreux jeunes se portent volontaires pour y participer. Ils étaient plus d’une centaine en fin d’après-midi à faire la queue pour s’enrôler à une caserne près de Benghazi. Ils reçoivent une courte introduction aux armes légères et moyennes. Selon un général, plus de quatre mille personnes ont offert leur service ces trois derniers jours, des jeunes surtout prêts à se sacrifier pour faire tomber le vieux guide à Tripoli.

Le rôle du Conseil national de la transition

Le Conseil national dit d’abord gérer les affaires civiles, et non militaires, des territoires libérés. C’est un défi. C’est même parfois le chaos, a reconnu l’une de ses membres. Le Conseil qui compte vingt membres multiplie les appels sur la nouvelle radio libre, notamment pour que les fonctionnaires et les travailleurs reprennent le chemin du travail.

Une de ses membres nous a affirmé que le Conseil n’avait eu à ce jour aucun contact avec les ambassades occidentales, ce qui peut paraître surprenant. Elle se félicite par ailleurs de l’esprit de civisme et de solidarité affiché par les Libyens au cours des quinze derniers jours. Elle a applaudi à deux mains tous les bénévoles qui s’efforcent de compenser le vide généré par toutes les évacuations massives des travailleurs étrangers. A la question : craignez-vous que le temps et qu’un éventuel chaos favorisent la reconquête des territoires libérés par Kadhafi ? Elle est catégorique : « plus personne ici ne veut de lui ».

Partager :