Avec notre envoyé spécial à Tunis,
Dans le centre de Tunis, la mobilisation antigouvernementale a rapidement tourné à l’affrontement avec les forces de l’ordre. Réunis pacifiquement dans la casbah, aux cris de « Ghannouchi dégage », des dizaines de milliers de manifestants ont ensuite gagné l’avenue Bourguiba, épicentre de la contestation révolutionnaire.
Aux jets de pierre contre le ministère de l’Intérieur, la police a d’abord répondu par des gaz lacrymogènes, suivis de sommations pour disperser la foule. Des rafales étaient toujours entendues dans la soirée en plein centre de Tunis où d’épaisses fumées noires s’échappaient.
Les manifestants dont certains campent sous les fenêtres du Premier ministre depuis une semaine demandent d’abord son départ, lassés d’attendre les retombées de la révolution. Ils ont perdu toute confiance en Mohamed Ghannouchi, resté pendant onze ans à la tête du gouvernement Ben Ali. Beaucoup interprètent son manque de communication comme une tentative de saper la révolution.
Autre revendication : le départ du président par intérim, Foued Mebazaa, la création d'une Assemblée constituante, et la dissolution du Parlement. Un Parlement toujours dominé par des anciens du RCD (Rassemblement constitutionnel démocratique), le parti du président déchu. Déterminés, les manifestants promettent de revenir chaque jour tant qu’ils n’auront pas obtenu satisfaction.