« Il y a un problème à l'est » reconnait Saïf el-Islam Kadhafi, le fils du dirigeant libyen en visite, mercredi, dans les locaux de la télévision libyenne. Et effectivement, selon des habitants, les opposants contrôleraient la zone qui va de la frontière égyptienne, la frontière orientale, jusqu'à la ville d'Ajda Biya en passant par Benghazi et Tobrouk.
Des soldats se seraient ralliés à l'insurrection. Des journalistes disent avoir vu des insurgés, en majorité armés, agitant le drapeau de l'indépendance et faisant le signe de la victoire sur la route longeant la Méditerranée, jusqu'à Derna, à 1 250 km de Tripoli
Dans cette ville de Derna précisément, le vice ministre libyen des Affaires étrangères affirme qu'« un émirat islamique » aurait été établi par al-Qaïda. Il précise que cet émirat serait dirigé par un ancien détenu de Guantanamo et que les islamistes auraient commencé à instaurer la charia. Mais des habitants de Derna interrogés par des journalistes sur place assurent que tout cela est faux, même si la région est connue pour sa ferveur religieuse.
L'ambiance change à Musratha, la troisième ville du pays où des forces fidèles au régime auraient attaqué ce mercredi des manifestants à la roquette et la mitrailleuse selon témoins.
Et à Tripoli, Mouammar Kadhafi reste maître des lieux. Il serait appuyé, d'après la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme, par des mercenaires et des forces armées prêtes à tirer sans sommation sur le moindre rassemblement.
La FIDH qui parle d'au moins 640 morts depuis le début du soulèvement dont plus de 400 corps rassemblés faute de place dans une école transformée en morgue à Tripoli. Un médecin français de retour de Benghazi lui évoque plus de 2 000 morts rien que dans cette ville.
Les gens continuent de fuir le pays
Un pilote décrit une situation chaotique à l'aéroport de Tripoli, avec des passagers qui se battent pour embarquer dans les avions. Par air et par mer, les étrangers quittent ou tentent de quitter la Libye.
Les pays européens ont affrété des vols spéciaux, un troisième avion militaire français est arrivé mercredi soir à Paris mais il reste 10 000 Européens sur place, 30 000 Chinois que Pékin commence à rapatrier au compte-gouttes et près de 70 000 autres travailleurs asiatiques pour qui des plans d'évacuation ne sont pas forcément prévus.
Des milliers de Libyens fuient aussi bien sûr les violences. Selon l'ONU, 5 000 personnes sont arrivées à la frontière avec la Tunisie et 15 000 autres à la frontière avec l'Egypte.