Avec notre correspondant à Washington, Raphaël Reynes
Cela faisait plusieurs jours que le président américain était pressé de toutes parts de s'exprimer sur la crise libyenne par l'opposition comme par son propre camp démocrate. « La souffrance et le bain de sang sont scandaleux et inacceptables » a déclaré le président américain qui appelle à l'arrêt immédiat de la violence en Libye. Et Barack Obama avertit solennellement le régime libyen : Il faudra rendre des comptes.
« Il est de la responsabilité du gouvernement libyen de ne pas recourir à la violence, d'autoriser l'aide humanitaire à parvenir à ceux qui en ont besoin et de respecter les droits de son peuple, pour Barack Obama. Il doit être tenu pour responsable de son incapacité à honorer ces responsabilités et il devra affronter les conséquences des violations répétées des droits de l'homme. Les Etats-Unis ne sont pas les seuls à s'inquiéter. Le monde entier observe et nous coordonnerons nos actions avec l'ensemble de la communauté internationale ».
Une coordination qui doit débuter très rapidement, indique la Maison Blanche. Le président américain a annoncé que son administration étudiait « toute un gamme de réponses possibles » à la crise en Libye. Mais le terme de sanction n'a pas été prononcé, pas plus, d'ailleurs, que le nom du dirigeant libyen, Mouammar Kadhafi.
Obama fait preuve de prudence
Il reste environ 700 Américains en Libye et leur protection est « la priorité numéro 1 » de Washington. Un discours trop offensif les mettrait en danger. Il en va de même pour le peuple libyen. Appeler au soulèvement, c'est prendre le risque de devoir assumer une répression sanglante.
Ensuite, la personnalisation est un terrain glissant. Appelez au départ de Mouammar Kadhafi et tout le monde vous demandera pourquoi vous n'en faites pas de même pour un certain nombre d'autres régimes. La Maison Blanche veut éviter de créer un précédent.
Enfin, contrairement à l'Egypte où ils disposaient d'un important levier avec l'aide militaire, les Etats-Unis n'ont aucune marge de manœuvre avec la Libye. « A quoi sert un discours fort sans actions concrètes ? », demandait mercredi soir un ancien négociateur américain pour le Proche-Orient. « Il ne faut pas viser avec un fusil si l'on n'est pas prêt à ouvrir le feu ».