Côte d'Ivoire: montée de la violence à Abidjan et dans l'ouest

La tension est montée d’un cran ces derniers jours en Côte d’Ivoire. Malgré la visite à Abidjan de quatre chefs d'Etat membres du panel désigné par l'Union africaine pour trouver une solution à la crise, on assiste à un regain de violence. Depuis plusieurs jours, l’épicentre est la commune d’Abobo, dans le nord de la capitale économique, mais des affrontements ont aussi lieu dans l'ouest du pays. Selon l'ONU, 15 personnes ont été tuées cette semaine.

De notre envoyé spécial à Abidjan,

Abobo, immense commune majoritairement pro-Ouattara, est déjà depuis plusieurs semaines en ébullition. Chaque jour ou presque, on y signale des violences, des tirs d’armes à feu. Pour les Forces de défense et de sécurité (FDS), cette zone est devenue un véritable casse-tête. Les soldats loyaux à Laurent Gbagbo y sont régulièrement pris pour cible par un commando d’insurgés qui mène des opérations de guérilla.

Mardi, par exemple, les unités d’élite du Cecos sont tombées dans une embuscade qui a fait plusieurs morts. La réplique est violente et des tirs de lance-roquette ou de grenades sont régulièrement entendus, ces jours-ci, notamment dans les secteurs de PK 18 et de Ndotré.

Faute d’avoir pu se rendre dans les zones les plus chaudes d’Abobo, il est difficile d’avoir un bilan précis du nombre exact de victimes civiles ou combattantes.

Une chose est sûre en revanche, face à cette flambée de violences, depuis hier, des centaines de familles ont commencé à fuir Abobo pour tenter de se réfugier dans d’autres secteurs d’Abidjan considérés comme plus sûrs

Violences à Koumassi et Treichville

Les violences et la tension ne concernent pas seulement la commune d’Abobo.
Depuis la fin de semaine dernière et l’appel à la « révolution » lancé par Guillaume Soro,  Premier ministre d’Alassane Ouattara, les communes de Koumassi et de Treichville ont commencé à se soulever.

Il y a 5 jours, à Koumassi, les Forces de défense et de sécurité sont allées réprimer une tentative de rassemblement des jeunes du RHDP (alliance soutenant Alassane Ouattara) et, depuis, la situation a dégénéré. Quasi- quotidiennement, les jeunes embrasent des pneus, montent des barricades et certaines unités des FDS répliquent par des tirs de kalachnikov et de lance-roquettes.

A Treichville, le scénario est, somme toute, assez identique. Beaucoup de rues sont barrées, des jeunes enflamment régulièrement des pneus et, pour les disperser, les éléments de la garde républicaine n’hésitent pas à faire usage de leurs armes par des tirs verticaux mais aussi horizontaux.

A Treichville, les femmes pro-Ouattara sont entrées dans la partie. Ces mercredi et jeudi, elles n’ont pas hésité à se mobiliser et à se rendre devant le quartier général de la garde républicaine pour réclamer la libération de leurs enfants ou de leurs maris.

Affrontements dans l'ouest

Dans ce contexte, on signale également des affrontements à l’ouest, près de la frontière

libérienne. En effet, un affrontement entre Forces de défense et de sécurité et Forces armées des Forces nouvelles s’est produit dans cette région toujours tendue, entre les villes de Danané et Zouan-Hounien. Difficile pour l’heure d’avoir un bilan précis de cet accrochage et de dire s’il s’agit d’un épiphénomène ou bien du début d’une confrontation plus généralisée entre les deux forces militaires en présence. Quoi qu’il en soit, cet évènement inquiète l’ONUCI qui craint une reprise des hostilités et donc une violation du cessez le feu en vigueur.

Selon l’ONU, entre les déplacés à l’intérieur du pays, et ceux qui ont trouvé refuge principalement au Liberia, près de 80 000 Ivoiriens ont fui leur domicile depuis l’éclatement de la crise post électorale. De manière plus générale, toujours selon les Nations unies, on assiste actuellement à une hausse de la malnutrition et à des risques de pénurie de certains médicaments.

Par ailleurs, notamment en raison des sanctions internationales qui pèsent sur le régime de Laurent Gbagbo, l’économie est sérieusement perturbée, le prix des produits de première nécessité est en nette augmentation, les entreprises sont obligées de mettre une partie de leur personnel en chômage technique et bien évidemment cela se ressent sur le panier de la ménagère et sur le niveau de vie des familles qui est en chute.

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