Tunisie : affluence aux bureaux de la Commission corruption

Numéros verts, messages d’information à la télévision. La Tunisie prend les choses au sérieux pour faire table rase du passé Ben Ali. Depuis le lundi 31 janvier 2011, deux Commissions sont chargées de récolter les plaintes d’individus sur des faits de corruption ou des cas de violences commises par la police sur des civils pendant la révolution. Et, visiblement, les Tunisiens répondent à l’appel.

Dans les bureaux de la Commission corruption, c’est l’embouteillage. Depuis que cette structure a ouvert ses portes, il y a quatre jours, elle ne désemplit pas. « Il y a beaucoup de gens, 600 personnes par jour, à peu prés », confirme un membre de ces bureau.

Patiemment dans le couloir, une cinquantaine de personnes attendent pour « déposer une plainte contre Monsieur Slim Zerrouk, le mari de la fille de l’ancien président Ben Ali », explique Souad Ben Hassen, une victime. Selon elle, ce membre du clan ben Ali, propriétaire d’un entrepôt à l’aéroport de Tunis, aurait facturé le stockage de ses produits à des sommes folles. Résultat : elle n’a jamais pu les récupérer.

Autre victime : cette dame qui n’a jamais vu la couleur de la voiture qu’elle avait fait importer de France, trafiquée à la douane, et revendue à d’autres. « On a déposé plainte avant, mais personne ne pouvait nous aider parce que le nom du fils de Ben Ali apparaissait dans le dossier. Tout le monde avait peur », déplore-t-elle.

Aujourd’hui, après 23 ans de silence et de plaintes laissées sans suite, tous ici espèrent faire entendre leurs droits, quitte à attendre.

« J’attends depuis une heure et demie. Mais ce n’est pas grave. Même si on attend toute la journée, ce n’est pas grave. C’est la nouvelle Tunisie. Il n y a pas de piston et tout ça. Maintenant, tout le monde est pareil », dit cette autre victime.

A la Commission, en quatre jours, six cents plaintes ont été déposées. Personne ne sait encore combien de temps il faudra pour toutes les traiter.

 

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