Entré en vigueur en février 1992, l'état d'urgence pourrait être levé dans un « très proche avenir », à en croire les déclarations du président algérien, ce jeudi lors du conseil des ministres. Selon Abdelaziz Bouteflika, l'état d'urgence «n'a, à aucun moment, entravé une activité politique pluraliste des plus riches, ni contrarié le déroulement de campagnes électorales intenses, de l'avis même des observateurs qui les ont suivies». Le président a également souligné que l'état d'urgence avait été instauré « pour les seuls besoins de la lutte antiterroriste et c'est cette raison uniquement qui en a dicté le maintien sur une base légale ».
L'Algérie a vécu dans les années 90 une décennie de violences islamistes qui ont fait des dizaines de milliers de morts. Il a indiqué qu'il chargeait le gouvernement « de s'atteler, sans délais, à l'élaboration de textes appropriés » pour permettre la poursuite de la lutte anti-terroriste.
S'exprimant plus particulièrement sur les manifestations, Abdelaziz Bouteflika a indiqué qu'hormis dans la wilaya (préfecture) d'Alger, elles étaient autorisées ailleurs. « Rien ne l'entrave dans toutes les autres wilayas, pour autant que les demandes et les conditions exigées par la loi soient réunies », a-t-il déclaré sans détailler ces conditions. « Certes, la capitale fait exception dans ce domaine pour des raisons d'ordre public bien connues et certainement pas pour y empêcher une quelconque expression », a-t-il relevé.
L'interdiction a été décrétée après une manifestation du mouvement dit des « archs » (tribus), regroupant des dizaines de milliers de personnes, dont la majorité venus de Kabylie, avait été violemment réprimée à Alger par les forces anti-émeutes entrainant la mort de 8 personnes et des centaines de blessés.
Une grande manifestation prévue le 12 février
Une manifestation de la toute nouvelle Coordination de forces d'opposition et de la société civile est prévue le 12 février à Alger, mais elle a d’ores et déjà été interdite. Les organisateurs, qui la maintiennent, exigent notamment la levée de l'état d'urgence. Une manifestation organisée le 22 janvier par le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (opposition) avait été interdite. Les militants qui voulaient s'y rendre avaient bloqués devant le siège du parti par d'importantes forces de sécurité qui quadrillaient toute la ville et ses entrées.
Vingt-et-un députés de plusieurs formations politiques avaient déposé mardi un projet de loi devant l'Assemblée populaire nationale pour la levée de l'état d'urgence. Ils estiment que l'amélioration de la situation sécuritaire « enlève tout argument pratique au maintien de cet état de fait », selon l'APS.