Selon des économistes de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), la démission du gouverneur Philippe-Henry Dacoury-Tabley pourrait modifier la donne financière en Côte d’Ivoire.
Chaque année, ce sont quelque 1 500 milliards de francs CFA de recette fiscale qui sont déposés via le Trésor public sur le compte de la BCEAO à Abidjan. Selon plusieurs sources si le gouverneur intérimaire de la Banque centrale ouest-africaine décidait de bloquer ces ressources au détriment du gouvernement de Laurent Gbagbo, il est alors possible que les taxes et impôts payés par les opérateurs économiques soient versés sur un autre compte que ne maitriserait pas la BCEAO puisque l’administration et le Trésor sont toujours sous le contrôle du président ivoirien sortant.
Par contre les autres sources de revenus nécessaires à la Côte d’Ivoire que sont les bons du trésor émis par l’Etat, environ 600 milliards de francs CFA par an, sont eux garantis sur le marché par la BCEAO. En l’état actuel des choses, il parait impossible que la Banque centrale ouest-africaine garantisse de tels bons s’ils devaient être émis. Idem pour les obligations, compte-tenu du contexte politique ivoirien la confiance risque de manquer aux acheteurs potentiels.
Enfin les recettes douanières, perçues essentiellement grâce à l’activité des ports de San Pedro et d’Abidjan continuent, elles, de générer des revenus. Toutefois, là aussi, expliquent les experts, la diminution sensible du trafic marchandise avec les pays enclavés comme le Mali, le Niger ou le Burkina Faso devrait se traduire par une baisse progressive de ces recettes.