Avec notre envoyé spécial à Tunis, Olivier Rogez
Après les trois ministres de l’UGTT, Mustapha Ben Jaffar le leader du FDTL (Forum démocratique pour le travail et les libertés), a lui aussi rendu son tablier. L’attelage politique tunisien a désormais perdu quatre ministres mais il compte bien avancer. Le gouvernement devrait tenir ce 20 janvier son premier Conseil des ministres avec à l’ordre du jour l’examen d’une loi d’amnistie générale.
Les ministres issus de l’opposition et ceux issus du RCD, (Rassemblement constitutionnel démocratique) le parti de l’ex-président Zine el-Abidine Ben Ali, veulent avancer contre vents et marées et prouver à l’opinion que malgré les couacs, le changement est en marche.
Dans sa première allocution, le président par intérim Fouad Mebazaa a tenu un discours rassurant, promettant que le gouvernement allait remplir les aspirations issues de la révolution. Il a aussi affirmé que le gouvernement s’attellerait à séparer l’Etat et le parti. C’est l’une des revendications majeures des Tunisiens qui réclament la fin de l’hégémonie du RCD sur les affaires publiques.
Les nouvelles autorités font tout pour convaincre la population de leurs bonnes intentions. Dernier geste en date, tous les prisonniers politiques ont été libérés selon le ministre du Développement régional, Najib Chebbi, issu de l’opposition. Il reste à savoir si cela suffira à calmer la rue. La contestation des Tunisien à l’égard du nouveau gouvernement d’unité nationale n’a pas baissé. Ils étaient des milliers hier dans les rues de la capitale. Mais pour la première fois, la police n’a pas cherché à disperser les cortèges. Une attitude qui a surpris les manifestants qui s’attendaient à être dispersés à coups de gaz lacrymogène sur l’avenue Bourguiba comme chaque jour.
Ils ont pu ainsi manifester jusqu’à la tombée de la nuit, et on a pu assister à des scènes incroyables après le couvre-feu : une poignée de manifestants en grande discussion avec des policiers et des militaires qui tentaient de les persuader de partir. Le tout, dans une ambiance assez décontractés. La police avait clairement reçu des consignes et n’a pas usé de violence à l’égard des manifestants.
Autre signe de détente, le couvre-feu a été allégé de deux heures. Ce n’est pas pour autant que la sécurité est revenue dans la capitale et dans le pays. Des échanges de tirs ont été échangés entre l’armée et des individus circulant à bord de voitures en pleine nuit en banlieue de Tunis.