Avec son vieux t-shirt, son pantalon élimé, sa peau burinée par le soleil et ses rides profondes comme des ornières en pleine saison des pluies, Jean-Luc Cancel répond jusqu’à l’extrême à l’image du blanc tropicalisé.
Il a beau être propriétaire d’un hôtel, d’un bar et d’une usine, lorsqu’il reçoit c’est sur un banc en bordure de route. Pour lui, pas question de quitter la Côte d’Ivoire, le pays où il a passé les 68 années de sa vie.
« Moi je ne pars pas, nous dit-il. Je ne suis pas parti en 2004, j’ai risqué beaucoup, j’ai eu des kalachnikovs devant les yeux. Je suis resté dans l’usine enfermé à clés. Les employés m’ont apporté à manger et il n’y a pas eu de problème.
A Port-Boué, je ne crains rien. Je reste à Port-Boué où il y a des gens qui me protègent. C'est-à-dire que la population, là-bas, ne veut pas que l’on me touche. Donc pour l’instant moi je ne me plains pas. Je ne suis pas menacé, je ne me sens pas menacé ».
Si beaucoup de ses connaissances françaises ont quitté la Côte d’Ivoire ces dernières semaines, Jean-Luc Cancel en se voit pas embarquer dans un avion et abandonner son pays d’adoption.
Pour lui, un seul événement pourrait précipiter son départ : que l’on s’en prenne à son usine de congélation de poisson. Une usine à l’arrêt mais qui fait toujours sa fierté.