Ces deux derniers jours aucun des deux camps n’a eu le monopole de la violence. Des militants, de sympathisants des deux alliances s’en sont pris à ceux qui étaient soupçonnés d’appartenir au camp d’en face. Un habitant de Dixin qui porte encore un pansement à la tête dit avoir été attaqué par des partisans de Cellou Dalein Diallo : « Ils me sont tombés dessus. Ils ont cassé ma maison, le toit, tout est cassé. On m’a aussi blessé. Je suis membre du RPG, (Rassemblement du peuple de Guinée, parti d’Alpha Condé), c’est pour cela qu’ils sont venus, qu’ils me sont tombés dessus ».
A la colère des uns, s’ajoutent parfois les provocations des autres. Un jeune parmi les sympathisants de Cellou Dalein Diallo raconte comment une bagarre de quartier a éclaté à Kakimbo quand des sympathisants d’Alpha Condé sont arrivés : « A ce moment là, on était assis, et puis on a commencé à pagailler. Sur les rails, ils ont commencé à prendre des cailloux qu’ils jetaient sur nous en disant qu’ils avaient gagné et que personne ne peut être contre eux. Que personne ne peut faire quoi que ce soit contre eux ».
Les habitants dénoncent l'attitude des forces de l'ordre
Les habitants dénoncent également l’attitude des forces de l’ordre qu’ils accusent d’effectuer des descentes brutales dans les quartiers, perdent leur neutralité politique, et appliquent une répression démesurée comme en témoigne une femme en colère : « Les militaires sont venus aujourd’hui encore. Ils viennent maintenant pour tirer les portails afin qu’ils puissent entrer et nous trouver dedans. Ils entrent, quand ils trouvent des gens, ils cassent et ils volent ».
Lors de ces descentes, des habitants des quartiers ont été tués par des tirs à bout portant. L’envoyé spécial de RFI a pu suivre le 17 novembre, un médecin venu enlever les corps de jeunes tués en banlieue, et selon ce médecin, la façon dont la balle avait transpercé leur cou ne laissait « aucun doute sur la manière dont ils ont été abattus ».