Une petite rue ravinée en pente sur les hauteurs de la capitale. Un portail noir. C’est là qu’habitait Floribert Chebeya. Un gros cadenas est posé. Il n’y a personne. Sa femme et ses filles sont parties au Canada. La maison vient d’être louée, nous informent des voisins. Deux adolescentes dans la rue se disent toujours sous le choc de la mort de Floribert : « on était un peu comme des familles. Il venait nous voir, on se parlait…Ces hommes là, ce qu’ils ont fait, c’est impardonnable devant dieu. On attend que justice soit faite ».
Non loin de là, la maison de Fidèle Bazana. Il était à la fois le chauffeur et le confident de Floribert Chebeya, militant lui aussi de la Voix des Sans Voix, son compagnon de tous les jours, jusqu’au dernier. Fidèle n’a pas eu d’obsèques. Son corps n’a jamais été retrouvé. C’est une douleur insupportable pour Marie-Josée, sa femme. Elle veut la vérité lors du procès : « j’attends qu’ils me disent la vérité, là où ils ont mis le corps de mon mari. Ce que moi j’attends, que ça sorte de leur bouche. Il faudrait qu’il y ait au moins un tombeau, une place dans le cimetière ».
Il y aura du monde ce vendredi 12 novembre au procès, dans une salle dont on sait déjà qu’elle sera trop petite, avec une exigence de vérité qui risque d’être trop grande.