Tous les jours que Dieu fait, Clémentine balaie l’église après la messe de six heures, avec des femmes de la paroisse de Walikalé. Cette vieille dame veuve élève seule ses six enfants. Clémentine évoque avec lassitude sa vie ici. Des années sous la coupe d’hommes armés, qu’ils soient rebelles ou militaires. Mais quand on lui parle de Force de paix des Nations unies, alors, elle s’énerve : « La Monuc ?, je ne comprends pas ce qu’ils font ici. Ils ne font rien…, vraiment, on ne veut plus les voir. Ils n’ont qu’à s’en aller, qu’ils rentrent chez eux… ».
Un bataillon indien de la Monusco s’est installé dans une petite forteresse au sommet d’une colline où l’on domine la forêt alentours, barbelés et sacs de sable. Une odeur de curry vient de la cantine. Le lieutenant-colonel, fine moustache cirée, explique les règles d’engagement : pas de provocation. On fait surtout des rapports, on ne va pas dans des zones minières, de temps en temps, on patrouille dans le quartier.
A Goma, la chef de la Monusco pour le Nord-Kivu, l’éthiopienne Irut Gebré Sélassie, invoque un manque de moyens : « Je comprends qu’il y ait des incompréhensions, pourquoi on n’arrive pas à faire le miracle qui est attendu de nous. Mais on ne peut protéger que là où on est, au moment où on est, dans la limite de nos moyens ».
Des moyens, il y en a en apparence. Des hélicoptères blancs passent souvent. Les villageois ne lèvent plus les yeux, préférant comme Clémentine, s’en remettre à Dieu.