Nous sommes près de Davié, à une trentaine de kilomètres au nord de Lomé. Dans la cour de la petite maison d’Alex Kodjo Ahonado, la famille reçoit sous le manguier les visiteurs qui leur apportent leur réconfort. Yao, le frère, a annoncé la nouvelle aux deux épouses : « Moi j’étais à Niamey, lui à Arlit au nord du Niger et c’est le 16 septembre au matin, vers cinq heures du matin, qu’on nous a téléphonés que des rebelles étaient venus les prendre dans la chambre vers deux heures du matin ».
Les enfants sont tous là, sauf l’aîné qui est à Bamako. A chaque fois qu’ils entendent le bruit du portail, ils veulent voir qui arrive. L’une des deux épouses, Kady, ne cache pas sa tristesse même si elle rassure les enfants : « C’est très dur pour nous. Si les enfants nous demandent, on dit qu’il va revenir. Et vous savez, la seule chance que nous avons, comme les enfants savent qu’il va et revient, ils ont un peu pris ça comme ça ».
Isabelle se souvient de la dernière conversation téléphonique. C’était la veille du rapt : « Il a rappelé mercredi soir pour dire qu’on devait bien travailler à l’école. Il a dit de bien travailler à l’école et qu’il rappellerait le jeudi matin ».
Papa n’a pas pu appeler le jeudi comme promis et n’appelle plus comme à ses habitudes. Lui, le plus petit de quatre ans, pense qu’il est allé au service. Adèle, sept ans, quant à elle, a une idée de ce qui se passe mais attend un retour rapide de papa : « J’attends qu’il revienne vite ».