Trente personnes dont au moins six parlementaires ont été tuées dans l'attaque d'un hôtel de Mogadiscio en zone gouvernementale par des insurgés islamistes shebab, ont indiqué à l'AFP des témoins. Il s'agit de l'hôtel Mona, situé tout près du palais présidentiel, où descendent habituellement les responsables gouvernementaux.
« De violents combats ont repris ce matin sur plusieurs lignes de front » dans la capitale, a déclaré un responsable des troupes gouvernementales, le colonel Mohamed Omar. « Il y a de violents échanges de tirs d'artillerie », a indiqué de son côté le chef du service des ambulances de la capitale, Ali Muse Mohamoud. « Le bilan atteint désormais des dizaines de civils tués depuis le début des violences hier (lundi 23 août). Nos équipes médicales ont également collecté 98 blessés dans les quartiers où se déroulent les combats », a précisé M. Muse.
Le gouvernement de transition (TFG) a accusé les shebab d'avoir tué 15 civils dans des tirs de mortiers sur des quartiers habités, en zone gouvernementale. L'un de ces tirs s'est abattu sur un camp de déplacés, selon un communiqué du TFG. « Nos forces infligent à l'ennemi de lourdes pertes, nous avons tué plus de 15 assaillants jusqu'à présent », selon le colonel Omar. Aucun bilan sur les pertes des belligérants n'était encore disponible mardi matin, alors que les combats continuaient de faire rage.
Le marché de Bakara, bastion islamiste dans le sud de la capitale, est resté fermé et des chars de l'Amisom ont pris position à plusieurs carrefours du nord de la ville. « Nous sommes coincés dans nos maisons, nous ne pouvons pas sortir à cause des violents bombardements. Je peux entendre les chars de l'Amisom qui tirent au canon », a raconté Abdulahi Husein, habitant de Bondhere (nord) interrogé au téléphone par l'AFP. « Le marché de Bakara n'est pas ouvert ce matin, toutes les routes aux alentours sont fermées, les gens ont peur, les obus de mortier pleuvent sur toute la zone du marché », a affirmé un commerçant local, Ali Muktar.
Les shebab qui se réclament d'al-Qaïda, mènent régulièrement des attaques contre les forces gouvernementales à Mogadiscio. Cette nouvelle offensive en plein ramadan, promise depuis plusieurs semaines par les insurgés, semblait néanmoins d'une plus grande ampleur que ces habituels accrochages. Lundi après-midi, presque au début des affrontements, un porte-parole des insurgés shebab, Sheikh Ali Mohamoud Rage, avait annoncé au cours d'une conférence de presse le début d'une vaste offensive « contre les envahisseurs chrétiens (de l'Amisom, ndlr) et le gouvernement apostat ».
Dans un communiqué, le TFG a accusé les attaquants : « Les shebab ont publiquement déclaré la guerre au peuple somalien et à son gouvernement », démontrant « leur mépris pour le mois saint du Ramadan ». Les shebab tiennent l'essentiel du centre-sud de la Somalie. Soutenu à bout de bras par la communauté internationale, le TFG ne contrôle que quelques quartiers de Mogadiscio, avec le soutien de 6 000 soldats ougandais et burundais de l'Amisom, déployés dans des secteurs stratégiques comme l'aéroport, le port, la présidence et plusieurs importants carrefours.