Le Premier ministre guinéen Jean-Marie Doré aimerait bien modifier la Constitution. Il voudrait « réduire » le rôle de la Commission électorale le jour du second tour du scrutin présidentiel prévu pour se tenir le 19 septembre, entre Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé. Cette démarche semble sortir du droit chemin de la transition et à Conakry on parle même de « putsch constitutionnel ».
En lieu et place du Conseil national de transition, l’organe législatif de la Transition, le Premier ministre Jean-Marie Doré veut faire modifier par ordonnances les textes de loi en République de Guinée. C’est le constat fait par la presse locale et les observateurs cette semaine, que d’aucuns ont déjà appelé « le putsch constitutionnel du Premier ministre ».
En soumettant à la signature du président de la Transition, Sékouba Konaté, une ordonnance appelée ici « projet de décret », le Premier ministre défie le Conseil national de transition qui a appelé à une séance extraordinaire. Il demande au chef de la Transition de modifier certaines dispositions de la Constitution et du code électoral, en prévision du second tour de la présidentielle. Il demande, surtout, que le ministère de l’Administration du territoire et des Affaires politiques passe du statut de simple organe d’appui à celui de gestionnaire des élections, au même titre que la Ceni.
Jusqu’ici, la loi prévoit que la Commission électorale est la seule institution chargée de l’organisation de toutes les élections politiques et référendums en Guinée. Plus loin, elle précise : « Le président de la République par intérim assurant la transition ne peut, en aucun cas et sous quelque forme que ce soit, modifier la Constitution et le code électoral ». Comme on le voit, en assumant ses responsabilités, Jean-Marie Doré vient encore de jeter un pavé dans la mare.