Le Français Théophile Kouamouo, directeur des rédactions du journal Le Nouveau courrier, ainsi que les Ivoiriens Stéphane Guédé et Saint Claver Oula, directeur de publication et rédacteur en chef ont été écroués vendredi soir à la prison à la maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca).
Les journalistes ont été placés en garde à vue après la publication d’un article mardi 13 juillet dans Le Nouveau courrier, basé sur le rapport du procureur ivoirien Raymond Tchimou, qui vient de boucler une enquête ouverte en 2007 sur la juteuse filière cacao.
Sous le titre Le livre noir de la filière café-cacao, le quotidien privé détaillait « pillages » et « escroqueries » dont se seraient rendus coupables les barons du secteur. Le procureur Raymond Tchimou chargé de l'enquête sur la filière cacao qui avait transmis récemment ses conclusions confidentielles au président Gagbo, a demandé aux journalistes de révéler leur source, et ces derniers ont refusé.
Les trois journalistes sont accusés de vol de document administratif et devraient être jugés avant les vacances judiciaires du mois d'août. Ils risquent au moins cinq ans d’emprisonnement selon l’un de leurs avocats.
La presse se mobilise pour leur libération
Les organisations professionnelles de la presse ivoirienne ont rencontré samedi un proche collaborateur de Laurent Gbagbo et on exigé la « la libération sans condition et sans délai » de leurs confrères.
La France est « attachée au libre exercice par les journalistes de leur métier, en Côte d'Ivoire comme partout ailleurs dans le monde », a indiqué samedi le ministère français des Affaires étrangères au lendemain de leur inculpation.
La filière cacao : une enquête délicate
Ouverte en octobre 2007 à la demande du chef de l'Etat, la vaste enquête judiciaire sur la filière cacao avait abouti à l'arrestation en juin 2008, pour « détournement de fonds, abus de biens sociaux et escroquerie », de la quasi-totalité de ses responsables, dont des proches de Laurent Gbagbo, soit une vingtaine de personnes.
L'enquête avait conduit à une réorganisation provisoire du secteur, dans l'attente d'une grande réforme souhaitée par les partenaires internationaux. A ce jour, le très sensible procès des « barons du cacao », en détention provisoire depuis plus de deux ans, n'a toujours pas été programmé.